Livres Hebdo : En avril prochain, vous lancez la collection « La Résonnante » qui vient enrichir le catalogue de Buchet Chastel. Pouvez-vous la présenter ?
Maÿlis de Lajugie : C’est une collection de récits littéraires autour de la musique. Le principe est simple : je vais voir des auteurs et des autrices et je leur demande de se raconter à travers la musique. Cela peut être une chanson qui les a marqués, un artiste, un groupe, des instruments, etc. Le but ici est vraiment d’explorer tous les genres musicaux, que ce soit le rap, la soul, la bossa nova… Mais également les différents types de récit que comporte l’autofiction.
C’est donc vous qui allez chercher directement les auteurs ?
Oui, c’est une collection de commandes. Je contacte des auteurs en fonction de critères, qui je dois dire, sont très arbitraires et sentimentaux. Malgré cela, les écrivains et écrivaines doivent avoir un certain lien avec la musique ou au moins, je dois pouvoir déceler la façon intéressante qu’ils ont de se raconter et de manier l’aut-fiction. Pour le lancement de cette collection, nous sortons, le 10 avril, deux ouvrages : Les femmes afghanes n’ont plus le droit de chanter de Hyam Zaytoun et La pentatonique du cœur de Marcus Malte. Par exemple, j'ai contacté Marcus Malte parce qu'il est musicien et qu’il explore toutes sortes de genres littéraires comme la jeunesse, la nouvelle, le polar... D’un autre côté, j’ai été très touchée par le premier roman Vigile de Hyam Zaytoun (paru au Tripode, Ndlr) et la manière dont elle convoque beaucoup de références musicales dans son texte.
Quelles sont les raisons qui vous poussée à lancer cette collection ?
J’ai eu un faisceau d’inspiration, si je puis dire. En septembre 2023, je m’intéressais beaucoup à l’idée de commande. À l’époque, l’autrice brésilienne Patricia Mélo publiait Celles qu’on tue chez Buchet Chastel. Ce texte, écrit en réponse à une commande, lui avait été d’une grande aide et lui avait permis de progresser dans sa réflexion sur le genre littéraire. C'est alors que je me suis dit : C’est fou comme, finalement, la commande peut avoir quelque chose d’assez libérateur ! En parallèle, je lisais Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon qui convoque, dans son roman, un morceau assez fondateur de son histoire. Les deux textes sont entrés en résonance, l’idée est née !
Pourquoi l’avoir appelé « La Résonnante » ?
Une inspiration antique. Ce mot est tiré des Métamorphoses d’Ovide, où il désigne ainsi la muse Écho. Comme j’ai fait beaucoup de latin pendant mes études, cela me parlait.
Pourquoi est-ce, selon vous, important de créer une telle collection au sein de Buchet Chastel ?
Nous disposons déjà d’une collection axée sur la musique mais Véra Michalski, la présidente de Libella, souhaitait la réactiver. Mais « La Résonnante » n’a pas vocation à remplacer cette collection, c’est seulement une autre proposition qui enrichit encore davantage notre catalogue généraliste. Nous commencerons donc avec trois livres cette année, dont deux sorties le 10 avril, puis nous passerons à quatre livres par an. Pour les deux premiers textes, nous avons décidé d’un tirage à 10 000 exemplaires que nous ajusterons, ou pas, par la suite, en fonction des retours sur les textes.