Phénomène : Mystérieusement disparu
A la fois ouvrage de vulgarisation scientifique et vrai polar, l’histoire du physicien italien Ettore Majorana racontée par Etienne Klein est diablement romanesque.
En cherchant Majorana d’Etienne Klein, coédité par Les Equateurs et Flammarion, fait son entrée dans la liste des meilleures ventes essais en 37e position. Publié le 26 septembre avec un premier tirage de 10 000 exemplaires, il a été réimprimé à 5 000 exemplaires. Loué par la presse, il vient d’être sacré meilleur livre de sciences de l’année par le mensuel Lire. Mais c’est incontestablement l’émission « La grande librairie » sur France 5, jeudi 28 novembre, où Etienne Klein était invité, qui a dopé les ventes.
En cherchant Majorana : le physicien absolu a tout du polar. Etienne Klein, spécialiste de physique quantique et de philosophie des sciences, chroniqueur sur France Culture, est parti sur les traces d’Ettore Majorana, physicien italien (1906-1938), qui a travaillé sur la physique des particules : sa théorie de la matière noire a été déterminante pour la physique quantique et nucléaire. Très connu en Italie - Leonardo Sciascia lui a consacré en 1975 un livre, La disparition de Majorana, traduit en 2012 chez Allia -, Majorana est un personnage extrêmement romanesque. Véritable génie, il calculait de tête à une vitesse vertigineuse, sans règle à calcul ni table de logarithmes, pouvait « en vingt ou trente secondes calculer des intégrales définies », et possédait « une mémoire prodigieuse et une aptitude démentielle pour l’abstraction ». Après un séjour en Allemagne dont il revient déprimé, il disparaît mystérieusement à l’âge de 31 ans, après avoir pris le ferry entre Naples et Palerme. Il a envoyé une lettre pour annoncer sa disparition, puis un télégramme pour dire qu’il rentrait : on ne l’a jamais revu et son corps n’a jamais été retrouvé, tandis que les hypothèses continuent de fleurir (suicide, retraite dans un monastère…).
Avec un vrai talent de vulgarisateur scientifique, Etienne Klein nous entraîne dans le monde « exotique » (pour les néophytes) des atomes, protons et autres particules élémentaires. Parti sur les traces de Majorana à Catane, Rome, Naples et Palerme, il entretient un rapport personnel avec lui et contribue à son tour à bâtir le mythe. Il raconte que, étudiant-stagiaire au Cern à Genève, il était persuadé avoir emprunté une allée Majorana… qui n’existe pas ! Une autre histoire de disparition.