En mauvaise compagnie. En 1792, la France est en ébullition et en guerre contre les monarchies européennes. La disette creuse les ventres et les députés instaurent la Commune de Paris. À sa tête Danton et une poignée d'irréductibles dont Claude Bazire, ancien commis aux archives de Bourgogne, et François Chabot, capucin devenu libertin, deux députés qui vont l'entraîner dans leur chute. Michel Benoit raconte fort bien ces préliminaires. Une phrase de Danton a marqué les esprits : "Cette garce de Révolution est ratée ; les patriotes n'y ont rien gagné !" Pour ce bon vivant, peu regardant sur la comptabilité publique, il n'était pas forcément question d'enrichissement personnel, mais d'autres y ont pensé pour lui. C'est là qu'intervient la Compagnie des Indes, fondée par Colbert. L'établissement est soupçonné d'activités contre-révolutionnaires et la Convention décrète le 26 juillet 1793 l'apposition des scellés sur ses bâtiments. Un deuxième décret du 11 octobre 1793 réquisitionne les marchandises et les navires. Derrière ces manœuvres, Bazire et Chabot ne ménagent pas leur peine pour tirer profit de l'agiotage, une pratique qui consiste à garder des biens en attendant qu'ils prennent de la valeur pour les revendre plus cher. Bref, profiter de l'inflation dans un contexte de misère sociale, l'horreur économique sous la terreur politique.
Bazire et Chabot, qui fréquentent les tripots et multiplient les maîtresses, sont observés de près par le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale. Mais les deux gredins sont eux-mêmes victimes d'une manipulation du vicomte de Batz. En révélant cette affaire de corruption politique et financière, cet agent royaliste veut éclabousser la représentation nationale et la désigner à la vindicte populaire. Robespierre et Saint-Just prennent conscience du danger qui menace la République et profitent de l'aubaine pour éliminer leur adversaire Danton. C'est ainsi que le 5 avril 1794 une charrette de députés où figurent Bazire et Chabot, mais aussi Danton, Camille Desmoulins, Fabre d'Églantine et Hérault de Séchelles, s'arrête au pied de la guillotine.
Connu pour ses romans policiers - Les enquêtes du commissaire Merle aux éditions De Borée -, Michel Benoit est aussi historien. Sa connaissance des archives et son sens de la narration font revivre avec brio cette fascinante et ténébreuse affaire.
L'affaire de la Compagnie des Indes. Un scandale politico-financier sous la Terreur
Ramsay
Tirage: NC
Prix: 20 € ; 260 p.
ISBN: 9782812204265