Armada de Rouen 2023

Michel Bussi : « Si de moins en moins de jeunes lisent, ils seront toujours aussi nombreux à écrire »

Michel Bussi (à gauche) avec le président de l'Armada Jean-Paul Rivière, à Rouen - Photo Armada de Rouen

Michel Bussi : « Si de moins en moins de jeunes lisent, ils seront toujours aussi nombreux à écrire »

L'auteur, parrain de l'Armada de Rouen qui s'ouvre jeudi 8 juin pour dix jours, a lancé un concours de nouvelles pour l'occasion.

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Par Éric Dupuy
Créé le 07.06.2023 à 15h25 ,
Mis à jour le 07.06.2023 à 18h22

L'un des auteurs les plus lus en France, Michel Bussi, est parrain de l'Armada de Rouen 2023, qui se tient du 8 au 18 juin dans la ville normande. Réunissant 43 navires historiques venant des quatre coins de la planète, comme le Belem français, le Bima Suci indonésien ou encore le Cuauhtémoc mexicain, la manifestation devrait attirer entre 4 et 6 millions de visiteurs.

Pour l'occasion, l'écrivain dont le dernier roman paru début mars aux Presses de la Cité, Trois vies par semaine, s'est écoulé a près de 75 000 exemplaires selon GFK, a lancé un concours de nouvelles qui a rencontré un vif succès : près de 400 histoires ont été écrites et 4 ont été primées pour cette nouvelle manifestation en marge du rendez-vous nautique. Pour Livres Hebdo, Michel Bussi fait la passerelle entre le monde de la marine et celui de la littérature aujourd'hui. 

Livres Hebdo : Vous êtes parrain de la 8e édition de l’Armada de Rouen. Qu’inspire à l’écrivain que vous êtes ce rendez-vous d’ampleur ?

Michel Bussi : C’est à la fois un événement qui touche à l’intime de tous les Rouennais, car chaque armada est une fabrique de souvenirs ancrés dans une vie, et un des plus grands rassemblements populaires de France, qui a su rester trente-quatre ans après sa création un événement gratuit et familial. C’est enfin un projet fédérateur, l’un des seuls en Normandie, rassemblant toutes les forces vives régionales, aussi bien économiques que politiques et culturelles. Sur le plan personnel, un de mes premiers romans, Mourir sur Seine, a pour cadre l’Armada de Rouen.

Le concours de nouvelles que vous avez lancé en marge de l’Armada a rencontré un succès de participations, d’écoliers en primaire jusqu’aux adultes. Comment jugez-vous, à travers les près de 400 nouvelles reçues, l’écriture des nouvelles générations ?

Le succès de l’Armada est lié à l’imaginaire que suscitent les grands voiliers. Une invitation au voyage, en mer, mais aussi dans le temps. Les voiliers renvoient à l’enfance, à l’aventure. Les enfants ont avant tout développé ce thème de la chasse au trésor, souvent associée à la magie et au fantastique. Les adultes ont eux privilégié les intrigues sentimentales, ou les quêtes d‘identité. Ce sont je crois des thèmes assez éternels qui montrent que si les formes et style changent en se modernisant, le fond reste universel : l’amour, l’héroïsme, le suspense

Vous êtes l’un des auteurs français les plus lus. Selon vous, comment combattre le décrochage de la lecture des ados aujourd’hui ?

Les ados ont toujours autant besoin d’histoires, mais ils les trouvent désormais ailleurs que dans le livres, notamment avec les séries sur plateforme et les jeux vidéo. La concurrence pour la lecture est donc plus difficile qu’il y a dix ou vingt ans, même si l’on trouve toujours de très grands lecteurs (souvent des lectrices) parmi les plus jeunes.

Il y a plusieurs solutions : utiliser les réseaux sociaux et les influenceurs pour promouvoir certains livres. Développer au maximum les adaptations audio-visuelles de livres pour que la lecture soit associée à des histoires connues des jeunes (sur la modèle vertueux d’Harry Potter) ; multiplier les initiatives locales de proximité via les médiathèques, les salons du livre, les événements festifs autour de la lecture. Et enfin, le plus important sans doute, revoir totalement les programmes scolaires pour que les collégiens et les lycéens étudient des textes correspondent à leur époque et leurs préoccupations : étudier Grand Corps Malade plutôt que Rimbaud ? Gaël Faye plutôt que Stendhal ? Un humoriste de stand up plutôt que Molière. Une vraie révolution culturelle !

Et rassurons-nous, si de moins en moins de jeunes lisent, ils seront toujours aussi nombreux à écrire. Ouvrir un téléphone pour regarder une série est peut-être plus facile qu’ouvrir un livre, mais si l’on veut traverser le miroir et raconter l’histoire qu’on a en tête, écrire un livre restera plus facile que de tourner une série !

 

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