Le projet ouvert MO3T, initié par Orange, arrive dans une phase concrète : le prototype de ce système fonctionne et Dilicom, qui pilote le consortium de ses 17 participants, en fait la démonstration avec Orange auprès des acteurs du secteur, et au Salon du livre. "Il s’agit de garantir au lecteur qu’il pourra accéder depuis n’importe quel appareil, pour une durée illimitée, à ses livres numériques, achetés dans les librairies physiques ou numériques de son choix", rappelle Vincent Marty, directeur de Dilicom. MO3T désignait au départ ce "Modèle ouvert 3 tiers", qui rassemble les éditeurs et leurs distributeurs, les libraires, et les applications de bibliothèques personnelles dans un fonctionnement non exclusif, contrairement aux modèles fermés d’Amazon et d’Apple. En se rapprochant de la phase d’ouverture au public, le 3T est devenu le symbole plus intelligible pour les lecteurs de "liberté, simplicité et sécurité", indique Pierre Geslot, directeur de la lecture numérique chez Orange, très impliqué dans le projet (voir aussi p. 70).
Le démonstrateur permet aujourd’hui d’acheter un ebook via une des trois librairies en test (Dialogues, Lamartine, La Procure), pour le stocker dans un gestionnaire de bibliothèque personnelle (ePagine ou Orange), de le prêter ou de l’offrir. "Nous avons listé plus d’une centaine de services possibles. Pour la première version de ce démonstrateur, nous nous sommes limités aux plus simples", expliquent les initiateurs du projet. La technique n’est apparemment plus un problème : ce qu’il sera possible de faire dépendra des droits accordés par les éditeurs.
Le cœur de MO3T est donc un système de gestion de droits, permettant d’identifier qui peut faire quoi avec son livre numérique : est-il prêté, et pour combien de temps ? Le propriétaire peut-il en conserver l’usage, ou n’y a-t-il plus accès, comme avec un livre physique ? Peut-il transmettre sa bibliothèque à ses héritiers ? La revendre ? Le tout sans qu’aucun des acteurs de la chaîne n’ait accès aux données des autres.
"Ce service devra fonctionner à coût constant, l’objectif étant de récupérer les frais de DRM, qui ne seront plus nécessaires", souligne Vincent Marty. La suite appartient à la décision du consortium : "Continuer la recherche et le développement pour sortir la V2, démarrer en même temps l’exploitation de la V1, ce qui suppose la création d’une société, ou reporter le tout à plus tard", sachant que le projet est financé à hauteur de 7 millions d’euros par la Caisse des dépôts et le consortium. Hervé Hugueny