Bande dessinée

Mourad Boudjellal : « Je ne pensais pas me passionner de nouveau aussi fort et aussi vite pour la bande dessinée »

© Guillaume Boynard

Mourad Boudjellal : « Je ne pensais pas me passionner de nouveau aussi fort et aussi vite pour la bande dessinée »

Fondateur des éditions Soleil et ancien président du club de rugby toulonnais, Mourad Boudjellal, 61 ans, revient à la bande dessinée, en lançant une maison au sein du groupe Editis. Son nom et son programme n’ont pas encore été dévoilés, mais le bouillonnant entrepreneur et fan de BD trace pour Livres Hebdo les grandes lignes de son projet.

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Par Benjamin Roure
Créé le 14.02.2022 à 16h09

Vous avez cédé les éditions Soleil au groupe Delcourt, il y a onze ans, pour vous consacrer davantage au club de rugby du RC Toulon. Pourquoi revenir à la bande dessinée maintenant ?

Cela faisait quelques années que le désir de revenir au livre me titillait. Mais je n’avais envie de faire que la bonne partie du métier, à savoir lire des scénarios plutôt que des comptes d’exploitation, rencontrer des auteurs, etc. J’ai renoué contact avec Michèle Benbunan, directrice générale du groupe Editis, que je connaissais depuis ses années chez Hachette, qui m’a présenté Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi. Nous nous sommes rapidement accordés sur le principe de travailler ensemble, mais j’ai tout de même demandé un délai de réflexion, pour être certain que la fibre revenait. Cette réadaptation ne m’a pris qu’un mois, et tout est allé très vite.

Aviez-vous continué à suivre l’actualité de la BD durant cette décennie dévolue au sport ?

Non, pas vraiment. J’avais besoin de me laver la tête. Ce qui me permet de repartir comme neuf. Mais j’avoue que je ne pensais pas me passionner de nouveau aussi fort et aussi vite pour la bande dessinée. Après cette coupure, je constate que le marché a gagné en maturité et que la bande dessinée a pris du poids dans la création culturelle. À mon époque, la BD, c’était surtout vu comme des histoires de petits Mickeys: ce n’est plus du tout ça aujourd’hui.

Quelle sera la ligne éditoriale de cette nouvelle maison au sein d’Editis, dont le nom est encore secret ?

J’ai une liberté totale, mais hors de question de refaire ce que j’ai déjà fait. C’est comme quand j’ai quitté le rugby et le RCT, car j’avais tout gagné. On sera plutôt sur du format roman graphique, tous publics. Et puis, je publierai des ovnis, des bouquins « à coup » car ça m’a toujours plu. La diversité est importante pour moi : quand j’étais éditeur, je me souviens très bien des jours où j’étais le matin chez TF1 pour lancer la BD de la Star Academy et l’après-midi avec Antoine Gallimard pour développer Futuropolis !

Quel rythme de parutions envisagez-vous ?

En 2022, nous sortirons quelques livres, et dès l’an prochain, nous serons sur une vitesse de croisière de 25 à 30 ouvrages par an. Nous envisagions une petite vingtaine de titres, mais depuis le printemps dernier où j’ai redémarré en secret, de nombreux projets nous ont été proposés, alors le programme a pris de l’épaisseur.

Ne craignez-vous pas de participer à une certaine surproduction, dans un marché déjà très chargé ?

Non, la surproduction est le fait de ceux qui publient 500 ou 600 titres annuels, pas de ceux qui en sortent 30.

Allez-vous contacter des auteurs que vous aviez lancés avec Soleil ?

Non, ce n’est pas l’idée, même s’il ne faut jamais dire jamais. Nous allons faire de la création, avec des auteurs aguerris ou débutants, car aider de nouvelles signatures à émerger a toujours été mon cheval de bataille. Pas d’achat de droit ni d’adaptation pour l’instant. Mais je n’ai pas de grands plans derrière la tête, je n’anticipe pas tout, car je reste un instinctif.

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