Deux bonnes nouvelles d’un seul coup ; la première a trait au respect de la propriété intellectuelle, du côté du procès La Martinière vs. Google, la seconde renvoie au grand emprunt et aux sommes impressionnantes dégagées en faveur de la numérisation du patrimoine. On peut articuler les deux et avancer qu’il n’est pas nécessaire de violer la propriété intellectuelle pour numériser les œuvres patrimoniales. Un message qu’il convient de répéter aux jeunes et aux moins jeunes qui auront fini par perdre leur latin dans un foisonnement de messages souvent difficilement lisibles.   En arrière-plan, se posent deux questions. D’un côté, celle du prix et de l’accès. Nous n’avons pas fini d’y revenir. De l’autre côté, celle de la nécessaire clarification des concepts et de leurs enjeux. On évoque la numérisation du patrimoine et sa mise à disposition de tous, gratuitement. Mais où donc commence et s’arrête le patrimoine ? Faut-il adopter un clivage entre patrimoine et création ? Mais alors, que comprendre ? Pour qui ignore les arcanes de la propriété intellectuelle, l’idée pourrait prévaloir que seule la création immédiate devrait être sous droit et que toutes les œuvres passées devraient entrer dans le pot commun du domaine dit public.   Ce qui apparaît évident aux acteurs du monde culturel ne l’est pas pour le grand public. Les mots prêtent à confusion, les concepts semblent mouvants. Le domaine public n’est pas nécessairement gratuit. Son accès peut même transiter par des acteurs privés. Ce sont les mêmes qui se disent attachés à une sorte de service public culturel maitrisé par des acteurs publics qui prônent la gestion par le privé de services publics requalifiés de facilités essentielles. Ces acteurs privés doivent ils être nécessairement nationaux ? Doit-on faire l’hypothèse qu’un acteur national est toujours plus sûr qu’un acteur étranger ? Quels sont les contre-feux qu’il convient d’allumer en face d’un monopole ? Il serait imprudent de se contenter de cette première victoire.   Tout demeure à construire, les mots et les choses.   Faisons le vœu que l’année 2010 nous aide à définir des stratégies heureuses en ce domaine du numérique où le « tout et tout de suite » est infiniment séduisant. N’ai-je pas téléchargé un roman de Henry James qui s’était égaré au milieu du fatras des livres accumulés, en un instant, et commencé de le relire hier dans la nuit ? Bonnes fêtes à toutes et à tous.
15.10 2013

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