Essai/Allemagne 2 janvier Novalis

Nuit debout

Georg Philipp Friedrich Freiherr von Hardenberg - Photo DOMAINE PUBLIC

Nuit debout

La richesse de la pensée de Novalis s'exprime dans ces fragments romantiques.

Par Laurent Lemire
Créé le 21.11.2019 à 21h27

Dans L'immortalité, Milan Kundera évoque « la mort transmuée en alcool de poésie » chez Novalis (1772-1801). On retrouvera dans ces quelque 700 fragments dont certains parurent en 2005 sous le titre Art et utopie (Rue d'Ulm) la prescience de sa fin précoce chez ce poète romantique allemand qui n'atteignit pas sa trentième année, emporté par la tuberculose. Toute sa vie en appelle à la mort, après celle de son aimée Sophie von Kühn. Dans ce qui devient sa nuit mystique, il se tient debout, regardant bien droit l'obscurité comme un absolu, quelque chose d'éternel qui le préserve du désespoir.

Novalis s'intéresse à tout, mathématiques, chimie, sciences naturelles, comme s'il savait que le temps lui était compté, comme s'il lui fallait étreindre un maximum de songes avant de tout transformer dans une œuvre à la mélancolie sensuelle. De ce bric-à-brac de bribes en vrac à l'image des pièces d'un puzzle sans image il aurait sans doute tiré un grand livre à la hauteur de Goethe. « Chacun cherche dans le monde le lieu qui lui est approprié, son centre d'équilibre. » Novalis trouva le sien dans la précarité du moment. Et le lecteur d'aujourd'hui picore dans ces coups de sonde sortis du monologue intérieur d'un poète qui voulait être heureux.

Novalis
A la fin tout devient poésie - Traduit de l'allemand par Olivier Schefer
Allia
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 15 euros ; 272 p.
ISBN: 9791030422528

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