Un hiver, à Aberdeen, Kathleen Jamie réfléchit à l’idée de voyager dans le noir. La dame, qui habite avec son mari et ses enfants dans le comté de Fife, a la bougeotte. Elle commence par monter à bord d’un ferry, le Hrossa, en direction des îles Orcades et Shetland. Un archipel sculptural, poli par le vent, où les arbres se font rares. La voici à Maeshowe où elle visite, au moment du solstice, un cairn, un étrange tumulus au milieu d’une lande, un édifice construit pour héberger les morts dans l’obscurité.
La poétesse que l’on découvre grâce à Hoëbeke est une femme qui affirme : "Il n’y a rien de certain dans la vie, sauf la mort et les impôts." Un beau jour, Kathleen Jamie entend l’appel aigu du faucon pèlerin et repère un couple de rapaces perché sur une corniche en pierre qu’elle observe avec ses jumelles. L’Ecossaise commence à s’intéresser à des oiseaux de proie qui attaquent leurs cibles en fondant sur elles depuis les hauteurs et se procure l’ouvrage de référence sur la question, signé d’un certain J. A. Baker.
Corneilles et balbuzards pêcheurs ne la laissent pas non plus indifférente. Tout comme le pèlerin qui vacille "à la limite de nos sens, au bord du ciel, aux confins de l’existence même". Il faut suivre l’auteure du touchant Dans l’œil du faucon aux îles Monach, sur les traces de bécasseaux, de tournepierres et de phoques gris avec un nez romain ; sur la Braan, rivière des Highlands où les saumons jaillissent hors de l’écume et s’efforcent de franchir les chutes ; ou encore sur l’île de Coll, lieu idéal pour guetter le râle des genêts la nuit. Une belle découverte pour les amateurs de "nature writing". Al. F.