Avant-critique Roman

L'amour en Vespa. Le 17 mai 1968 − la date est précise grâce à son billet d'avion −, le jeune Gil Kemeid, un Québécois de 22 ans épris d'indépendance, un peu bohème, s'embarque pour un long périple, une espèce de tour de l'Europe censé s'achever au Liban, terre de ses ancêtres. Syro-libanaise maronite, la famille a vécu en Égypte jusqu'en 1952 avant d'émigrer pour le Canada. Circonstance originale, Gil a décidé de circuler en Vespa. Tombé follement amoureux avant son départ de la belle Carole (laquelle deviendra sa femme et la mère de ses enfants dont Olivier), il expédie chaque jour à celle-ci une carte postale montrant où il se trouve, narrant les circonstances souvent cocasses de son odyssée et assurant la jeune fille de la force et de la sincérité de son amour.

Ces quelque cent cartes postales, forcément émouvantes maintenant que Gil n'est plus, son fils, le dramaturge Olivier Kemeid, les a retrouvées et s'en est servi pour bâtir Le vieux monde derrière nous, un roman dont elles constituent à la fois la matière première et le fil rouge. Le reste est constitué des réflexions de Gil, souvent décalées, sur les pays et les situations qu'il traverse à toute vitesse (notamment la France, complètement paralysée par les événements de Mai 68), et de digressions d'Olivier, historiques, géographiques ou politiques.

Cela donne un livre allègre, composite, une espèce de guide d'antivoyage. Quant aux racines libanaises, c'est raté : Gil a dû faire demi-tour en Bulgarie, le 17 août, pour cause d'absence de visa. Il lui restait vingt-deux jours pour vendre sa Vespa à Paris et regagner Londres afin de s'embarquer pour Montréal. Vous avez dit farfelu ?

Olivier Kemeid
Le vieux monde derrière nous
Arthaud
Tirage: 4 000 EX.
Prix: 19,90 € ; 185 p.
ISBN: 9782080456885

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