Boualem Sansal devait recevoir le prix du roman arabe pour son roman, Rue Darwin, mardi 6 juin à l'Institut du monde arabe. Pourtant le conseil des ambassadeurs arabes (mécène du prix) a annulé la cérémonie de remise du prix en « raison des événements actuels dans le monde arabe » et a proposé une nouvelle réunion ce mardi 12 juin.
Pour Olivier Poivre d'Arvor, membre du jury du prix du roman arabe, cette suspension n'est autre chose qu'un avertissement punitif de la part des diplomates arabes qui voient la participation de l'écrivain algérien au Festival international des écrivains de Jérusalem comme un acte de trahison. Une situation sans précédent dans l'histoire des prix littéraires français.
Refusant la passivité, le directeur de France Culture a pris la décision irrévocable de quitter définitivement sa place de membre du jury et l'a fait savoir le 11 juin dans une tribune à Libération. Il espère que sa prise de position invitera les autres jurés et le conseil des ambassadeurs arabes à revoir leur décision et à réhabiliter Boualem Sansal.
« Je ne peux pas admettre que l'on ne dénonce pas une telle situation politique et idéologique, nous confie Olivier Poivre d'Avor. Les membres du jury ont élu le lauréat de leur choix, le carton a été imprimé, l'écrivain lauréat avait reçu le carton d'invitation lui annonçant la récompense. Je suis surpris que les autres membres du jury ne se posent pas de questions.»
Poursuivant son engagement dans l'entreprise de valorisation des artistes et écrivains arabes, il envisage la remise d'un prix « France Culture » spécial à Boualem Sansal pour son roman Rue Darwin paru chez Gallimard, qui avait déjà reçu mardi 29 mai, le prix du Roman-News.