Le marché de cession des droits Paris Book Market s’est tenu du 21 au 22 avril à la galerie Joseph dans le 3e arrondissement de Paris. Sous une large verrière, les deux étages de la galerie ont reçu une centaine de professionnels pour cet événement organisé par le Bureau international de l'édition française (Bief). Les rendez-vous individuels s'y déroulaient par créneaux de 30 minutes autour d’une simple table blanche. D’un côté : 130 maisons françaises. De l’autre : 170 professionnels étrangers de l’acquisition. “Notre principale différence avec les grandes foires internationales est là”, selon Nicolas Roche, directeur du Bief : les éditeurs étrangers viennent spécifiquement pour prospecter sur des œuvres françaises.
“Nous avions envie de ramener certains professionnels de notre réseau de fellowship”, précise Claire Mauguière, responsable de projet au Bief. Au total, 70 personnes du fellowship sont présentes. Parmi eux, principalement des jeunes éditeurs en littérature et sciences humaines. A leurs côtés, des éditeurs et agents turcs, américains, canadiens, asiatiques ou encore indiens, pays à l’honneur du Festival du livre de Paris 2022.
La majorité des professionnels présents au Paris Book Market restent européens. Pour Claire Mauguière, le responsable est en partie la pandémie de Covid-19. “Quand nous avons préparé l’événement, le passe sanitaire était encore obligatoire et certains invités ont eu des difficultés à l’avoir”, précise la responsable de l’événement.
Des profils atypiques
Pour Nicolas Roche, la littérature et les sciences humaines dominent le marché de l’export. "Mais la bande dessinée française se taille doucement une part du marché auprès des comics américains et des mangas japonais", précise-t-il. Une valise pleine de bande dessinée posée à ses pieds, Edmond Lee, responsable des droits aux Humanoïdes associés patiente, entre deux rendez-vous, en feuillant un album. “Nous pouvons solliciter ici des gens qui ne s’intéressent pas forcément au format de bande dessinée, mais au contenu”, estime le professionnel. De sa vingtaine de rendez-vous, Edmond Lee se réjouit notamment de la rencontre avec un éditeur malgache non spécialisé en bande dessinée.
Les professionnels étrangers ont été invités par le Bief, soutenu financièrement par la Sofia et des instituts français. Du côté des Français, les frais de participation sont modestes, environ 300 euros. Un ensemble qui permet de recevoir des éditeurs peu présents aux grandes foires selon certains éditeurs sur place. “Le profil des éditeurs est différent de ce que nous pouvons voir dans les grandes foires”, affirme Clara Bruey, chargée des cessions de droits chez Hachette Livre. Même constat pour Geneviève Lebrun-Taugourdeau responsable des cessions de droit au Mercure de France : "L'événement est riche en nouvelles rencontres, d’habitude nous voyons les mêmes personnes issues de nos carnets d’adresses.”
"Plus posé” que dans les grandes foires
Le Bief disposait de près de 150m2 à l'ancien Salon du livre de Paris contre 1000m2 au sein de la galerie Joseph. Pourtant, les éditeurs n’ont pas assez de place pour exposer leurs livres. Un regret partagée, entre autres, par Clara Bruey. Ses quelques ouvrages en jeunesse sont empilés sur sa table installée au milieu d’une pièce du deuxième étage. L'espace qui peut être considéré comme restreint offre en échange la possibilité de rencontrer et d'échanger plus facilement.
Au deuxième étage de la galerie, Delphine Gervais, responsable des cessions de droits d’Adverbum, dont les maisons sont spécialisées en sciences humaines et en pratiques, se satisfait du “cadre sympathique”. Elle n’est pas la seule à souligner cet aspect de l’événement. “Le cadre est plus posé, nous prenons plus notre temps par rapport aux foires habituelles”, commente une éditrice de Calmann-Lévy.
“Les éditeurs étrangers sont plus attentifs à nos contenus puisqu’ils viennent exprès pour voir la production française”, analyse pour sa part une agente littéraire représentant la maison Détour. "Pour une première édition, le Bief a marqué un grand coup", estime-t-elle aussi.