Comme le rappelle dans sa préface Erik Orsenna, qui l'a connu en tant que patient, Pascal Guéret est un ponte en cardiologie, dont il est président honoraire de la Société française. Mais le professeur est plus que cela : c'est un érudit d'une culture encyclopédique, aujourd'hui mise au service de sa raison d'être et de soigner : le cœur humain, cet organe unique, qui a toujours inspiré les artistes. Pascal Guéret commente son musée imaginaire à lui, où le cœur occupe une place, centrale ou décentrée, mais cardinale. Quatre-vingts œuvres, depuis la « pesée du cœur » du papyrus égyptien de Hounefer (vers 1275 avant notre ère), jusqu'à un cœur de madrépore des îles Salomon. En passant par quelques évidences, comme le Hanging Heart de Jeff Koons, ou encore un Warhol faiblard, placé en couverture. On lui aurait préféré le calligramme Cœur, couronne et miroir d'Apollinaire (1918), ou le spectaculaire Cœur royal de Salvador Dali (1953), en or jaune 18 carats et pierres précieuses, pièce unique, avec, en son centre, un autre cœur constitué de rubis, qui bat. Pour les fans du Porporino de Dominique Fernandez, on trouve aussi l'une des deux mystérieuses machines anatomiques de Giuseppe Salerno, réalisées vers 1763-1764 pour le prince de San Severo, toujours visibles au sous-sol de sa baroque chapelle, à Naples. Une manière inattendue de revisiter l'histoire de l'art.