Un bon fils de Pascal Bruckner figure en 7e position dans la liste des meilleures ventes essais. Ce texte autobiographique, tiré pour sa sortie le 16 avril à 18 000 exemplaires, a été réimprimé deux fois et atteint un tirage total de 23 000 exemplaires. Salué par les critiques (1), invité à la radio (notamment dans l’émission de Pascale Clark, "Comme on nous parle" sur France Inter le 15 avril), à la télévision ("On n’est pas couché" de Laurent Ruquier sur France 2 le 19 avril), Pascal Bruckner gravit les marches du succès avec un livre pudique et incisif.

Pascal Bruckner a mis du temps à se pencher sur sa propre histoire : "Je pensais que c’était une histoire de famille pas très intéressante, que ça allait remuer trop de choses chez moi", a-t-il déclaré dans les interviews. La mort de son père (à l’âge de 92 ans) l’a incité à écrire, "les souvenirs étant encore frais". De loin le livre le plus personnel de l’auteur, Un bon fils brosse autant le portrait d’un père haï que celui du fils qui a tenté de lui échapper toute sa vie. Antisémite, raciste, admirateur d’Hitler, volage, ce père, qui battait aussi sa femme et son fils, a fini ruiné, dans un taudis encombré d’ordures, mais toujours aussi vindicatif.

Sincérité et retenue sont les deux clés du livre. Avec beaucoup d’honnêteté, Pascal Bruckner ne cache rien des idées et des phrases nauséabondes lancées par son père ("Ils vont nous faire chier longtemps avec leur génocide ?"), auquel il a toujours répondu vertement. Mais tout son talent tient dans sa réserve et il ne s’attarde jamais sur les scènes d’injures ou de violence qui auraient pu être pénibles, à l’image de la distance qu’il a réussi à mettre entre son père et lui.

"Les livres m’ont sauvé", raconte Pascal Bruckner. Comme le titre l’indique, Un bon fils est aussi son propre portrait, celui d’un homme qui aime les femmes, qui ne regrette pas d’avoir raté le concours de Normale sup, et qui reconnaît avoir eu la chance de pouvoir vivre de sa plume. Il se montre touchant quand il évoque Alain Finkielkraut, le "frère" dont il peut encore aujourd’hui terminer les phrases.

"Mon père m’a permis de penser mieux en pensant contre lui", écrit celui qui incarne l’esprit de l’après-Mai 68. "Je n’avais plus la force de le haïr. Je lui avais pardonné, par fatigue"

(1) Voir notre avant-critique dans LH 992, du 4.4.2014, p. 56.

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