Pierre Bergé, président du conseil de surveillance du Monde, a sévèrement critiqué le supplément littéraire du journal dans une interview à la revue politique Charles, s'attirant jeudi 3 octobre une réponse circonstanciée de la Société des rédacteurs du quotidien. "Je désapprouve le plus souvent le supplément littéraire du Monde. Parce que on y parle pas de livres", a déclaré M. Bergé, accusant certains chroniqueurs de ne pas aimer la littérature ou les livres. "C'est rarissime que dans le supplément on parle de livres, de vrais livres", a ajouté l'homme d'affaires, qui dit préférer le cahier livres du Figaro.
Le conseil de gérance de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), dans un communiqué interne, a regretté que M. Bergé "tente d'intervenir dans la ligne rédactionnelle du journal par des propos blessants à l'encontre du Monde des livres et de l'ensemble de ses collaborateurs". La SRM "tient à rappeler au président du conseil de surveillance Pierre Bergé qu'il a signé le 2 novembre 2010, avec les deux autres actionnaires Matthieu Pigasse et Xavier Niel, la charte d'éthique et de déontologie du groupe Le Monde".
La Charte, qui définit les rapports entre propriétaire du journal et journalistes, stipule que "Les actionnaires du groupe Le Monde garantissent l'indépendance économique de ses titres (...) mais se gardent d'intervenir dans leurs choix éditoriaux et leur traitement de l'information".
"Nous invitons M. Bergé à relire la charte qu'il a lui-même signée il y a trois ans. Nous en tenons un exemplaire à sa disposition", conclut la SRM. La SRM est une des composantes du "Pôle d'indépendance", actionnaire minoritaire du groupe, tandis que le trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse contrôle la majorité du capital.