17 OCTOBRE - NOUVELLES France

En prélude à son nouveau livre, Yvon Le Men s'interroge sur la prose et le poème, le réel et le rêve, persuadé que le mélange des genres est possible et confiant qu'il a "du mal à tenir debout dans ce monde". "Pour un poète, un mot est toujours un mot de trop : si un poète veut raconter une histoire à travers son poème, il est bloqué par cette exigence qui frise l'interdiction d'écrire", avance-il.

La nouvelle peut donc constituer un bon compromis. Celles proposées par l'auteur du Petit tailleur de shorts (Flammarion, 1996) sont justement poétiques. Une dame de 75 ans s'adresse au commissaire de police de Rezé parce qu'un inconnu lui a souri et a noirci une feuille avec "des phrases qui avaient l'air courtes vu le temps que durait le passage du stylo à la page". Plus loin, il y a aussi un juge en train d'interroger un écrivain.

Lequel se définit comme marginal et se trouve là à la suite d'un accident de voiture et d'un chagrin d'amour ! On rencontre également dans ces pages lumineuses et mélancoliques une infirmière "au visage de jeune fille à la perle". Elle s'occupe d'un homme qui s'est retrouvé dans le coma après avoir trop bu dans un restaurant. Lui aussi écrit, lui aussi a vécu un douloureux chagrin d'amour.

Ne pas rater l'évocation d'une dame "qui regarde dans le vide" et vient d'avoir cent ans. Elle s'appelle Adèle, a traversé le siècle sans avoir ni époux ni enfant. Ou encore l'histoire d'un type qui a commencé à se suicider à petit feu quand il a appris qu'il n'était pas le fils de son père mais de son grand-père. Un type qui a perdu "son boulot, sa femme son enfant, sa maison, son visage" et n'a plus pour compagnie qu'un chien à trois pattes.

Yvon Le Men est un poète et un écrivain qui ose avouer qu'il regarde Plus belle la vie. Sa manière de poser son regard sur les êtres et les cahots de l'existence est unique et mérite que l'on tende l'oreille pour écouter ses mots.

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