« Le Groupe Le Monde est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Alors que la presse est la proie de jeux d’influence et d’appétits industriels, le modèle de liberté éditoriale et de développement économique incarné par ce groupe est menacé. Ce modèle est fondé sur le pacte d’actionnaires noué en 2010 entre, d’une part, Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse et, d’autre part, les personnels du groupe, qui avaient ensuite validé leur arrivée » explique le texte.
Les signataires réclament « la mise en place d’un droit d’agrément à l’égard de tout nouvel actionnaire est une pièce indispensable de ce modèle : elle permettra au pôle d’indépendance du Groupe Le Monde (qui réunit les sociétés de journalistes, de personnels, de lecteurs et de fondateurs) de se prononcer, à l’avenir, sur l’entrée au capital de tout nouvel actionnaire majeur. »
Cette tribune intervient quelques jours après celle des 460 journalistes du Monde demandant à leurs actionnaires la reconnaissance d’un droit d’agrément garantissant leur indépendance éditoriale. En octobre 2018 l’un des actionnaires, Matthieu Pigasse, avait annoncé la vente de 49 % de ses parts à l’industriel Daniel Kretinsky. Cette opération a été réalisée sans que le pôle d’indépendance du Groupe Le Monde, actionnaire minoritaire du groupe en soit informé. Pour les journalistes, la signature du droit d’agrément est « un préalable à l’ouverture de discussions pour connaître les réelles intentions de M. Kretinsky. »