Horreur ! Les fêtes sont passées par là et l’argent manque. Cigale plutôt que fourmi… Je prends le métro ou j’achète deux baguettes ? Malgré la réprobation générale, je trouve un vendeur de clopes à l’unité et je me refais quelques doses de nicotine ? Avec un peu de chance, je tombe sur une promotion et je me cale deux barres de céréales dans l’estomac ? Ou bien, pur esprit, je renonce aux nourritures terrestres et j’entre dans une librairie ? Il faudra choisir aussi, bien sûr. Mais les nouveautés Folio à 2 € sont arrivées et cette sous-collection subit une intéressante évolution. Arrêtez-moi si je me trompe (je ne crois pas) : au début, la série avait été conçue pour être une porte d’entrée à des livres plus épais déjà publiés par Folio et les dévoreurs qui avaient lu tous les titres ne pouvaient que dédaigner ces rééditions partielles de rééditions. Le principe n’a pas été tout à fait abandonné : les trois nouvelles de L’épine dans la chair , de D.H. Lawrence, sont extraites du recueil Les filles du pasteur , paru en Folio. Mais les sources se multiplient. Une vie gaspillée , de Kipling, vient de la Bibliothèque de la Pléiade. Eau amère , de Pirandello, de la collection Quarto. Les nouvelles chinoises groupées sous le titre Le pavillon des Parfums-Réunis , de l’Imaginaire. Le bonheur dépend de l’âme seule , de Cicéron est puisé dans un volume de la collection Tel. Certes, tout ça reste très Gallimard. Qui avait bien dû éditer un jour ou l’autre Les révoltés de la Bounty , de Jules Verne, bien que le copyright soit de 2008. Presque Gallimard aussi, les textes de Lafcadio Hearn, Ma première journée en Orient puisqu’ils sont parus à l’origine, avec d’autres, au Mercure de France, dans la collection Mille pages. Et puis, venant de nulle part (pas tout à fait : de la revue Bifrost ), voici aussi L’automate de Nuremberg , de Thomas Day. Une étrange fantaisie dont certaines parties seraient puisées dans les collections privées de Léopold Sédar Senghor et où l’automate joueur d’échecs prend le chemin de Dakar. Comme la route est longue jusque-là, j’aurai le temps de méditer cette phrase de Cicéron : « Les biens vulgaires n’augmentent pas le bonheur du sage. » Ce qui me consolera d’avoir dépensé mes 2 €.