L'histoire globale, mondiale ou connectée, selon l'acception qu'on lui donne, nourrit autant la controverse que les catalogues des éditeurs. Chez CNRS Éditions, le grand historien indien et promoteur de l'histoire connectée Sanjay Subrahmanyam prévient des dangers de l'histoire comme exercice de revendication et d'autosatisfaction nationale dans Faut-il universaliser l'histoire ? Dans Qu'est-ce qu'une nation ? (Gallimard), Pascal Ory rappelle qu'il n'y a « rien de plus mondial que le national ». Chaque objet historique est propice à une approche globalisante : Passés Composés publie Louis XIV, Roi du monde, du Britannique Philip Mansel qui « réintroduit Louis XIV dans l'histoire mondiale », selon Nicolas Gras-Payen, directeur éditorial chez Humensis. Une histoire universelle des ruines (Seuil) ; Histoire du sucre, histoire du monde (La Découverte) ; Le musée, une histoire mondiale (Gallimard) proposent chacun à travers leur sujet une vision particulière de l'histoire globale.
Chez Nouveau Monde, Après Tamerlan, une histoire mondiale des empires, de John Darwin, contredit certaines idées reçues : « Darwin estime notamment que la Chine n'a jamais vraiment été en déclin et qu'elle a seulement connu une éclipse au XIXe siècle », explique Yannick Dehée, PDG de Nouveau Monde. La vulgarisation s'empare aussi de l'histoire globale avec Cabinet de curiosités de l'histoire du monde (Armand Colin) ou La grande histoire des nouveaux mondes (Fayard). On peut enfin faire de l'histoire globale à travers la vie d'un géant de la littérature. C'est ce que propose Albin Michel dans Le monde selon Joseph Conrad, de Maya Jasanoff. Prévu pour mars et repoussé à septembre, le titre « montre comment à travers ses voyages et ses prémonitions Conrad fut une sorte de vigie qui nous a donné à lire dans ses romans la réalité de ce qui s'est produit au XXe siècle », décrypte Hélène Monsacré, directrice du département Sciences humaines chez Albin Michel.