7 avril > Roman France

C’est un de ces films à sketchs comme les années 1960 en furent prodigues. Trois courts-métrages adaptés des Histoires extraordinaires de Poe par Vadim, Fellini et le dernier par Louis Malle, qui réunit le temps d’un printemps romain Alain Delon et Brigitte Bardot. Sur le tournage, BB, mariée à Gunther Sachs qui ne la considère que comme un dispendieux outil de communication, enverra valser son mariage, les photographes et ses obligations, pour les beaux yeux d’un assistant costumier séfarade avec lequel, à Rome puis à Paris, elle vivra deux mois et demi d’une passion intense.

Si l’université dispensait des cours d’intermittences du cœur, Colombe Schneck serait surdiplômée. Avec ce délicieux Mai 67, elle poursuit (cette fois-ci à l’enseigne des éditions Robert Laffont) son œuvre rêveuse, joliment mélancolique, d’exégète de la carte du Tendre. Abandonnant les rivages jusqu’alors explorés de l’autofiction et du roman familial (sur un versant qui devait plus à Louise de Vilmorin qu’à Christine Angot…), elle ne change rien pour Bardot du ton qui est le sien. Et c’est ainsi que, bien plus qu’une sempiternelle variation autour de l’amour d’un ver de terre et d’une étoile, elle compose un requiem discret pour deux solitudes, deux âmes en exil. Qui se valent. Qui, le temps d’un soupir, veillent l’une sur l’autre.

Olivier Mony

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