Raté ! Les bonnes résolutions de la rentrée, répondre aux mails dès qu’ils arrivent, ne pas dépasser la date limite de réponse à certains courriers importants… tout cela ruiné ou presque. Imaginez, j’ouvre mon journal. Et découvre qu’avant le 4 septembre il faut me décider. Décider de quoi ? Google ou pas Google. La loi d’airain de l’ opt out …, qui pourrait bien, d’ailleurs, être illégale, m’est imposée –ainsi qu’à mon éditeur- sans que je n’aie rien demandé. Selon l’avertissement publié dans 2oo journaux, l’ayant droit doit renoncer à toute poursuite ou bien toucher quelques kopeks pour la numérisation de son texte, puis une part du prix si le livre est acheté. Blurp … Sorry, I dont’ know, et pourtant je ne suis pas la moins informée des auteurs de ce pays. C’est un peu comme si un voleur publiait sans m’en avertir une annonce selon laquelle il cambriolera mon appartement si je ne lui fais pas savoir avant la fin de la semaine que je ne suis pas d’accord, sachant que si je refuse, quelque chose de terrible pourra se passer que j’ignore encore. Dure rentrée. La bibliothèque universelle, elle me plaisait, pourtant. Mais Dieu que ces gens là sont mal élevés, et pour tout dire, ignorants de ce que même l’auteur peu enclin à se soucier de ses droits patrimoniaux peut devenir plus réservé quand ses droits moraux sont en jeu. L’année qui vient verra sans doute les grandes manœuvres de l’édition et des bibliothèques numériques se préciser. L’année qui vient, et les suivantes. Côté bibliothèques, il faut relever parmi les bonnes nouvelles le déblocage par la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche du projet « Campus Condorcet » : une cité des humanités et des sciences sociales à dimension internationale, qui associe notamment les universités de Paris 1, Paris 8, Paris 13, l’E.H.E.S.S., l’E.P.H.E., l'Ecole Nationale des Chartes, l'INED et le C.N.R.S, et dont le premier bâtiment sera la bibliothèque. On continue donc à construire « en dur » les bibliothèques du futur. Mais le « dur » (avec à terme plus d'un million de volumes, soit plus de 40 km linéaires d'ouvrages, dont une grande partie en consultation libre) n’exclura pas le numérique : un des enjeux de la bibliothèque, qui héritera de fonds documentaires des partenaires fondateurs et lancera sa propre politique d’acquisitions, sera « d e créer une plateforme documentaire et numérique mutualisée de niveau international ». Comment composer alors avec Google et son fonds de livres numérisés ? Comment pourrait-on se priver du formidable gain de temps et de savoir que constitue l’avance prise par le moteur de recherche, sans brider l’avenir, lorsque le savoir circule de plus en plus vite ? Ce sont des questions encore ouvertes. Mais pour combien de temps ?