Fleuron de l'expressionnisme abstrait et du pop art, le peintre Robert Rauschenberg (1925-2008) a marqué son temps avec des tableaux où il intégrait des éléments de la vie quotidienne, des objets, des journaux et des photographies.
On redécouvre aujourd'hui, grâce au superbe volume que propose Gallimard, son travail photographique. Le beau livre parfaitement édité propose nombre d'images qui n'ont pas été publiées depuis 1981, année de la parution de Robert Rauschenberg, Photographs chez Pantheon Books et d'une première exposition au Georges Pompidou.
Photographe, Robert Rauschenberg l'avait été avant de devenir l'artiste que l'on connaît. On apprendra ici qu'il avait suivi une formation extrêmement limitée sur le sujet, ayant étudié un seul semestre à la fin des années 1940 au Black Moutain College de Caroline du Nord, "auprès du photographe Hazel Larsen Archer, qui privilégiait la vision personnelle par rapport à la technique".
Armé de son appareil reflex bi-objectifs Rolleiflex, il lui semblait plus important d'être un reporter qu'un esthète, comme le soulignent Susan Davidson et David White dans une introduction où ils rappellent que la photographie est "la pierre angulaire" de son oeuvre protéiforme.
Voici immortalisé l'atelier de De Kooning dans la 10e Rue. Cy Twombly sur un banc. Franz Kline et John Cage à travers la vitre d'une voiture. Sa femme, Susan, enceinte et assoupie à Central Park. Merce Cunningham accroupi ou en mouvement pendant une répétition. Jasper Johns les mains enfoncées dans les poches de son imperméable. Des choses vues dans les rues ou sur les murs de Rome, Tanger, Madrid ou Charleston. Comment ne pas être saisi par le sens du positionnement de Rauschenberg ? Son goût de l'épure, son traitement de la lumière, son art du détail.