Deux semaines après la publication de la première sélection du Renaudot, la présence de
Bande de Français de Marco Koskas, roman publié à compte d’auteur sur la plateforme Createspace d’Amazon, continue de provoquer l’indignation dans les rangs des libraires.
Après le
Syndicat de la librairie française (SLF), les
associations régionales des librairies indépendantes et la libraire Mélanie Le Saux, c’est au tour d’Alexis Weigel, libraire chez 47 Degrés Nord à Mulhouse, de dénoncer, dans une tribune publiée dans
Libération sous le titre "Libraires contre Gafa: un combat non équitable", la sélection de Marco Koskas parmi les 17 auteurs présents dans la première liste du Renaudot.
"
Contrairement aux arguments avancés, ce n’est ni la qualité du livre en question, ni le dépit de son auteur d’avoir eu recours à l’autoédition qui lui est reproché, mais bien le choix de son réseau de diffusion: Amazon", tient à préciser Alexis Weigel.
"Attendre la récompense en silence"
Selon le libraire, "
en migrant sur Amazon, c’est un choix militant" qu’effectue Marco Koskas. "
Non pas celui de l’autoédition, parce qu’il existe d’autres plateformes où se réfugier face au refus des éditeurs que celle abritée par l’une des Gafa, actrice majeure d’une transition numérique appelée à changer en profondeur nos sociétés contemporaines, et pas forcément pour le meilleur. Il fait le choix de sa carrière souffreteuse, avec la certitude qu’Amazon pourra être plus bénéfique à celle-ci que les autres structures de l’autoédition, plutôt que celui d’un idéal de société sans doute plus inconfortable", poursuit-il.
Interrogé par l’AFP
jeudi 13 septembre, Marco Koskas a dénoncé le "
chantage" des libraires français ainsi qu’un "
diktat scandaleux". Il avait également ajouté que "
les libraires devraient s'en prendre aux éditeurs qui ont refusé de [le] publier, et pas à [lui]", notant que les maisons d’édition pouvaient se raviser, Amazon n'ayant pas d'exclusivité sur son livre.
Jugée "
au mieux inélégante", cette réponse n’a visiblement pas convaincu Alexis Weigel qui conclut sa tribune par ces mots: "
[Marco Koskas] a choisi son camp, et c’est celui qui nous est opposé. Il serait dès lors tout à son honneur d’avoir la décence de ne pas nous accabler davantage et d’attendre sa récompense en silence."