TRIBUNE

Repenser la politique du livre et de la lecture

Repenser la politique du livre et de la lecture

Le sociologue Claude Poissenot pose les questions qui devraient guider la réflexion afin que le livre et la lecture figurent en bonne place dans les débats en vue des élections du printemps.

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avec Créé le 05.03.2015 à 19h34

"Alors que démarre la campagne pour les prochaines élections législatives et présidentielles et que notre pays n'échappe pas aux fortes tensions sur les finances publiques, quelle politique pour le livre et la lecture ? Il serait désolant que le débat se limite à la question des budgets plus ou moins réduits. Les moyens seuls ne font pas une politique. Des questions et des choix s'imposent...

Démocratisation culturelle ou alibi ?

Qu'il s'agisse de création, de patrimoine ou d'action culturelle, l'accent est mis sur la sélection de productions symboliques par les autorités légitimes du domaine. La tendance lourde est à l'absence de résultats réels sur la démocratisation. Celle-ci apparaît de plus en plus pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un discours de légitimation du financement public du livre et de la lecture et des offres à destination d'un public déjà conquis plutôt qu'une action effective à destination des catégories populaires. Jusqu'où aller dans cette direction ? Est-ce qu'une politique de redistribution ne devrait pas conduire à la satisfaction des demandes (y compris redondantes) et à la gratuité de l'emprunt dans les bibliothèques par exemple ?

Quelle place pour le patrimoine ?

La conservation, la numérisation du patrimoine concentrent des dépenses très importantes qui serviront peut-être les générations futures et les chercheurs d'aujourd'hui, mais elles sont faites au détriment d'autres. Pourquoi pas un plan pour financer les ressources électroniques vivantes ou les jeux vidéo dans les bibliothèques, pour faire écho au grand emprunt dédié au patrimoine ?

Culture ou entertainment ?

Pour beaucoup de gens (et pas seulement les catégories populaires), le rapport à la production symbolique se vit principalement sur le mode du divertissement. "C'est leur choix" et ils n'y renoncent pas facilement. De ce fait, au lieu de définir la culture par opposition à ce rapport dominant chez nos contemporains (en créant des frontières souvent artificielles et sources de mépris), ne serait-il pas plus judicieux de tendre des passerelles, de faire cohabiter ces deux univers ?

La lecture, outil du vivre ensemble ?

A l'heure où l'affirmation de l'autonomie individuelle conduit à un lien social électif et fragile, quelle place la politique du livre et de la lecture accorde-t-elle à cet enjeu ? Concrètement, cela pose la question de la dimension événementielle des actions, de l'importance des bibliothèques de proximité et de l'élargissement des horaires d'ouverture."

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