Avant-Critique Roman

Un poète au taf. Né en 1974 en Argentine, Sergio Aquindo s'est installé à Paris en 2001, où il exerce le métier de dessinateur de presse. Il a également publié quelques livres, assez confidentiels. Dans Bête à gravats, il raconte de façon réaliste, poétique et amusée, ses premières expériences d'exilé à Paris et son apprentissage du rude monde du travail. Le jeune narrateur, le double d'Aquindo, essaie de placer ses premiers dessins. Il écrit aussi un livre, qu'il espère voir un jour publié (ce sera le cas, à la fin du roman). Mais, en attendant, pour faire bouillir sa marmite, il est obligé de bosser dur, en tant qu'homme à tout faire sur des chantiers, job trouvé par l'intermédiaire d'un ami un peu bizarre, le Chilien. Le problème, c'est qu'il n'a aucune compétence en matière de bâtiment, qu'il est maladroit de ses mains et qu'il ne progresse pas. « Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ? », lui répète Alban, son chef direct, tandis que Zaca, le contremaître portugais, lui gueule dessus comme sur tout le monde. Le patron, lui, Monsieur Eddie, est au début plus policé, mais il finira par le virer avec une dernière enveloppe - au black, naturellement, mais correct.

Cette histoire d'exil est construite à coups de saynètes amusantes, de dialogues cocasses étant donné le cosmopolitisme de l'équipe : Serbes, Latins, Maghrébins, Polonais, Africains... Et c'est tout un petit monde ouvrier populaire méconnu qui s'anime sous la plume d'Aquindo, lequel a réalisé son rêve : devenir artiste.

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