Berruyers noirs. Romain aime les arbres et les étangs, qui le lui rendent bien. Eux le comprennent. Ce n'est pas comme ces humains dont il est la proie depuis l'enfance. Seule Solène l'a toujours défendu, depuis l'école, sans se moquer de son bec-de-lièvre et de sa tronche de lapin. Mais Solène, devenue maire de leur petit village solognot et embourbée aujourd'hui dans une sale affaire de déchets toxiques enterrés en douce sur le territoire de sa commune, s'évapore dans les proverbiaux brouillards berrichons. Entre fidélité et fibre écologique plus ou moins consciente, Romain ne peut se résoudre à perdre son unique amour de taiseux. De fait, il doit se dresser contre les nazillons locaux, les ploucs opportunistes, l'industrie cynique, les rumeurs provinciales : tout un monde à des encablures du sien. Son calme légendaire, aguerri contre toutes les adversités, s'effrite. Gare à qui s'en prend aux forêts, aux oiseaux, et à Solène bien sûr. Ça va secouer, « Shake Berry Shake », les chasseurs deviennent gibier, et vice versa. Romain s'aventurera même en mobylette hors d'âge sur la D940 jusqu'à Bourges, pour hasarder un enlèvement en bonne et due forme. L'hallali approche et la ruralité s'embrase.

Servi au présent, simple et limpide, ce second roman de Simon François est une agréable surprise. L'écologie, les violences sociétales ou familiales, les différences et l'air du temps charpentent certes sa fluide structure, mais jamais l'auteur n'en abuse pour forcer le trait ou hisser les étendards racoleurs. C'est adroit.