28 août > Premier Roman France

C’est une petite ville balnéaire, sur la côte catalane, sans le charme des stations voisines plus huppées. Et pourtant, elle suscite un tourisme très cosmopolite et singulier. C’est ici, à Blanès, que vécut les vingt dernières années de sa vie Roberto Bolaño, suscitant depuis lors un pèlerinage aussi pieux que littéraire.

Eva, elle, n’a jamais lu Bolaño. Mais pour faire plaisir à Samuel, son compagnon, un écrivain de science-fiction, elle lui propose un dimanche de mars de quitter leur appartement de Barcelone pour une journée d’excursion à Blanès, sur les traces de l’auteur des Détectives sauvages. Au retour de cette journée, brutalement, Samuel disparaît. "Il est mort", pense Eva. "Il l’a quittée", rectifient leurs proches. Pour sinon comprendre, du moins imaginer pouvoir survivre à ce qui, de toute façon, est bien un deuil, celui éclatant de l’amour, Eva retourne à Blanès, y promener sa solitude, se lier avec l’un ou l’autre, attendre que peut-être quelque chose se produise, prodige ou résolution.

L’art imite le vivant et naît de l’imitation des maîtres. Il y a quelque chose de cet ordre-là dans Blanès, premier roman d’Hedwige Jeanmart (dont on ne sait rien, si ce n’est qu’elle est belge, vit à Barcelone, a mené des missions humanitaires en Russie). Blanès, ici, c’est un monde, mais un monde désert. Une histoire de mort, d’amour, d’ennui aussi. Un récit gigogne porté par l’ombre des fictions spéculatives de Bolaño. Cherchant Samuel, c’est sa vérité intime qu’Eva trouvera. L’affirmation paradoxale de sa liberté. O. M.

06.06 2014

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