Dans l'odeur des parfums et l'ambiance tamisée du musée Fragonard, le jury du prix éponyme a récompensé ce jeudi 19 mai l'écrivaine bulgare Théodora Dimnova pour son roman Les Dévastés. L'ouvrage est paru le 6 janvier aux Editions des Syrtes. "Je suis très heureuse de recevoir un prix d'autant plus celui-ci car il y a dans son jury des écrivains, des traducteurs et des acteurs", a déclaré l'autrice. Un prix a aussi été décerné à sa traductrice, Marie Vrinat.
Le récit retrace l'histoire de trois femmes et d'une petite fille se rencontrant au bord d'une fosse commune lors d'un matin de février 1945, en Bulgarie. Elles viennent toutes de perdre un mari ou un père dans l'épuration sanguinaire qui a suivi l'arrivée au pouvoir d'une élite monarcho-fasciste. "Je croyais que j'écrivais un livre sur la mémoire, sur ce qui s'est passé en Bulgarie il y a plus de 70 ans. Mais désormais, je perçois ce livre comme un pressentiment. Ce qui se passe en ce moment en Ukraine, nous l'avons vécu il y a 77 ans en Bulgarie, avec pour seule différence que les Bulgares ne se sont pas opposés au régime comme peuvent le faire les Ukrainiens aujourd'hui", explique Théodora Dimnova. Son ouvrage a déjà obtenu le prix Peroto du roman bulgare en 2020.
Le prix Fragonard a été créé cette année. Doté de 5000 euros pour l’autrice et de 2000 pour le/la traducteur/traductrice, il souhaite donner plus de visibilité à la littérature féminine étrangère, en soutenant les autrices non francophones (traduits), ainsi que leurs traducteurs. Les lauréates peuvent également bénéficier d'une résidence de huit jours à Arles, dans la maison d’hôtes du parfumeur.