Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Au fil des années, le marché du livre scolaire s’est replié sur un nombre d’acteurs particulièrement restreint. Les libraires, dont on a oublié qu’ils en furent longtemps l’un des piliers à travers l’important syndicat des "libraires classiques", peinent à y conserver des positions. L’édition d’éducation ne relève plus que d’une poignée d’entreprises, dont la plupart appartiennent à l’un ou l’autre des deux grands groupes. Elles sont les seules à avoir acquis, conservé et renouvelé l’expertise et la technicité, et à concentrer les moyens qui permettent de relever les défis souvent insensés, lancés périodiquement à l’édition par l’Education nationale. Cette année, il leur a été demandé de concevoir de nouveaux manuels dans toutes les matières et pour tous les niveaux de la primaire et du collège en n’en obtenant les programmes, comme chaque fois, que quelques mois avant de devoir les livrer !

Après des années de vaches maigres en raison du gel des programmes, cette relance de l’activité, grâce aux lourds investissements consentis par l’Etat, est néanmoins bienvenue. Et elle ne concerne pas seulement ces éditeurs experts et leurs actionnaires, mais bien l’ensemble du secteur du livre. D’abord parce que ce plan, qui va injecter, pour la seule année 2016, 150 millions d’euros, soit 125,7 millions d’euros de plus qu’en 2015, dans le circuit des manuels, va contribuer à sa santé globale. Ensuite parce qu’il se double d’un vaste programme d’investissement numérique (18 millions d’euros sur trois ans), qui porte en germe un renouvellement de la croissance.

Parallèlement à ses investissements dans les contenus et le matériel éducatifs, l’Education nationale ne pourrait-elle pas aussi se doter plus largement d’une politique du livre, accompagnée et prolongée par les Régions et les collectivités locales ? Méconnus ou amputés à travers la photocopie, ouvrages pour la jeunesse, guides pratiques, romans, essais et documents ou livres d’art souffrent d’une sous-exposition chronique à l’école. Un dommage pour la société tout entière.

22.04 2016

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