Certains craignent que ce retard n'affecte les réimpressions finales des titres les plus vendus. Juliet Mabey, éditrice chez Oneworld, estime quela fermeture des principaux ports vers la France "affectera certainement nos expéditions vers les grossistes et les grandes librairies européennes". Il s'agirait en particulier des réimpressions de dernière minute de livres tels que Silver Sparrow de Tayari Jones et The New Wilderness de Diane Cook. L'éditrice envisage déjà l'impact de cette restriction sur ces expéditions du mois de janvier en cas de prolongation. "Si l'interdiction actuelle de fret vers la France est prolongée, ceux-ci pourraient être sérieusement affectés aussi", déplore-t-elle.
Avant-goût du Brexit
Pour le fondateur et éditeur de Profile Books, Andrew Franklin, "c'est un désastre" avant de voir dans cette situation "un avant-goût de Brexit à venir" et d'en vouloir à la politique du gouvernement, qu'il qualifie de "tragédie pour le commerce du livre et pour le pays". "Nous avons des livres qui attendent d'entrer dans le pays, des titres que nous publions en janvier et février qui attendent d'être livrés, qui n'entreront pas", déplore t-il.
Kevin Duffy, éditeur chez Bluemoose Books, a déclaré qu'il était chanceux que toute l'impression de la presse se fasse au Royaume-Uni, mais qu'il estimait que "les inquiétudes concernant le Brexit et les tarifs auront une incidence sur le coût du papier, les accords sur les droits et les auteurs qui viendront faire des événements" à l'avenir. Le Brexit doit intervenir le 1er janvier prochain, et les négociations sont toujours en cours entre le gouvernement britannique et la Commission européenne.
Des retards à prévoir
L'Association des éditeurs s'inquiète de ce retard des marchandises. Dan Conway, directeur des affaires extérieures de l'association évoque une "perturbation de la circulation des biens physiques extrêmement problématique" pour les éditeurs. Interrogé par le Bookseller, il espère "qu'un moyen sûr et fluide d'exporter des biens vers l'Europe pourra être rétabli d'urgence afin que nous puissions continuer à servir nos lecteurs européens pendant la période de Noël et au-delà, malgré les circonstances difficiles présentées par la pandémie".
Nigel Wyman, directeur des ventes et du marketing chez Gardners, juge "évident" que pour ses clients cette interdiction va se traduire par des retards à l'exportation s'il ne peut pas faire passer ses marchandises en France. Il propose que les entreprises utilisent différents itinéraires et le fret aérien pour atténuer les problèmes. "Nous avons encore des moyens d'acheminer les choses vers nos cousins européens par différentes méthodes mais pour le moment, comme l'a dit le gouvernement, la frontière française est fermée et cela aura un impact sur tout transport routier que nous avons et qui va là-bas".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a demandé au président français Emmanuel Macron de lever l'interdiction dès que possible. La France fait partie des 40 pays qui interdisent les voyages à destination et en provenance du Royaume-Uni, où de vastes zones sont entrées dans la catégorie 4 des restrictions au cours du week-end.