JANET SKESLIEN CHARLES, 40 ans, adore les bibliothèques : "Quand je ne suis pas à la Bibliothèque américaine, je suis à la BNF", précise-t-elle. Cette Américaine, qui vit en France depuis 1998 et qui a épousé un Français conducteur de trains à la gare de Lyon, est chargée des animations à la Bibliothèque américaine de Paris, "130 000 titres, 3 étages, 2 500 abonnés de 60 nationalités". Elle annonce, entre autres choses, une table ronde sur le vin et le fromage, la rencontre avec un légendaire éditeur de photos, John G. Morris, en février, et la venue de Stéphane Hessel en avril.
Parallèlement, Janet Skeslien Charles écrit. Son premier roman, Les fiancées d'Odessa, publié en 2010 par Bloomsbury, paraît le 2 février chez Liana Levi. De son expérience d'étudiante en russe (et en français) à l'université du Montana, où elle traduisait pour des hommes des lettres de femmes russes, "avant Internet", et des deux ans passés à Odessa, "la capitale de l'humour que les gens utilisent comme une arme", elle a tiré l'histoire de Daria. Ingénieure et érudite, elle jongle entre ses deux boulots, une boîte d'import où elle excelle à gérer pots-de-vin et mafia, et un site de rencontres où elle fait l'interprète pour de jeunes et jolies Ukrainiennes qui rêvent d'épouser un Américain. La dure condition des femmes, leur sacrifice, l'incompréhension entre les sexes, ces hommes qui recherchent des épouses plus "dociles que ces Américaines pourries, gâtées, exigeantes, qui s'intéressent plus à leur boulot qu'au ménage", le statut fragile des émigrés : Les fiancées d'Odessa raconte tout cela, même si "la réalité est plus effrayante que dans le livre".