A Châteaugiron, petite commune de 6 000 habitants au sud-est de Rennes, difficile de manquer la bibliothèque municipale, installée au cœur de la ville dans les anciennes halles. Ouvert en septembre 2011, le bâtiment de 1 200 m2, entièrement vitré, revisité par l’architecte Dominique Bonnot, attire le regard et invite à pousser la porte. « On avait envie de changer l’image de la bibliothèque, et qu’au premier abord on voit autre chose que des rayonnages de livres », explique la directrice, Isabelle Berta. Ce que découvre en premier le visiteur, c’est une belle galerie d’exposition. Puis il entre dans l’espace proposant la « culture chaude » : presse, fiction, BD, romans graphiques, présentés sur de discrets rayonnages bas, et canapés confortables. Pas de signalétique pour délimiter les espaces pour adultes et ceux pour la jeunesse. « Il faut absolument s’affranchir de cette distinction, défend Isabelle Berta. C’est juste induit par le mobilier et les couleurs. » Le coin pour les plus petits propose des jeux et des déguisements prêtés par la ludothèque voisine, ce qui a tendance à faire régulièrement monter le niveau de décibels ! Une conséquence assumée par l’équipe, qui considère que la bibliothèque est un lieu vivant. Au premier étage, consacré aux documentaires répartis par pôles thématiques aux intitulés plus attractifs que la Dewey (« Langues et littérature », « Loisirs et voyages »), l’ambiance est plus studieuse, tandis qu’en mezzanine l’espace musique et le cyber- espace assurent la transition.
Le retour des 25-30 ans
Au-delà des collections auxquelles elle consacre un budget annuel de 33 000 euros, la bibliothèque a développé un réseau de partenariats avec l’ensemble des acteurs locaux, de la crèche à la maison de retraite, où elle a prévu d’organiser des ateliers d’informatique individuels qui pourraient être assurés par des jeunes bénévoles ayant reçu une formation au cyberespace avec un double objectif : valoriser ces adolescents parfois en délicatesse avec le système éducatif, et favoriser les échanges intergénérationnels. Depuis l’ouverture, le succès de la médiathèque ne faiblit pas : 43 200 visiteurs au cours de la première année et plus de 39 % de la population inscrite. L’équipe constate le retour des étudiants et des jeunes actifs, séduits par ce lieu convivial et par une offre documentaire devenue exponentielle depuis la création d’un catalogue et d’une carte unique regroupant les bibliothèques des 8 villes de l’intercommunalité : 70 000 documents en tout, la possibilité de réserver en ligne, d’emprunter et de rendre dans n’importe quel point du réseau. Seule ombre au tableau, les horaires d’ouverture : 17 heures hebdomadaires. Difficile de faire mieux en l’état actuel des choses, plaide la directrice, qui annonce qu’une réflexion est en cours pour les optimiser, avec notamment une ouverture en soirée.
Véronique Heurtematte
