21 août > Premier roman France

Tout ça démarre plutôt mal. Le brave Bobby, croisé labrador et border collie, meurt d’une crise cardiaque. Ça arrive même aux chiens. A partir de là, la vie du narrateur va partir en sucette. Sa mère quitte son père et refait sa vie avec « le type qui ne disait jamais grand-chose ». Elle laisse les enfants, un garçon et une fille, à la garde de son ex-mari, lequel, de plus en plus dépressif, se met à picoler et à cogner, méchamment. Notre ami, après avoir subi l’armée, prend son indépendance et pense avoir échappé à la scoumoune. Il vit de petits boulots, gagne assez pour payer le loyer d’un modeste appartement. Sa proprio, sympa, lui mitonne même des tartes aux pommes. Voici élucidée la première partie du titre du roman. Et puis, grâce à un goût partagé pour les maquereaux, il rencontre Alice, dont il tombe amoureux. Et réciproquement.

Premier nuage : Arny, un collègue un peu bizarre mais attachant, son seul copain, se fait licencier. Il déprime et se suicide. Et puis Alice rompt. Le narrateur tente de se consoler avec du chocolat, du yoga, une psychothérapie (il n’ira qu’à une séance), avant de trouver le remède : il s’achète un flingue, qui l’accompagne partout. « Je l’aime autant qu’Alice », dit-il. Inquiétant. Aussi, lorsqu’il est à son tour remercié de son boulot, viré de son studio mis en vente (crise oblige), et, de ce fait, privé de tartes aux pommes, on a de sérieuses raisons de craindre que son esprit vacille et qu’il commette l’irréparable. D’où la deuxième partie du titre du roman.

Mais Guillaume Siaudeau, âgé de 33 ans, ami et disciple de Thomas Vinau, n’a pas voulu écrire une tragédie. Juste le récit doux-amer d’une vie qui commence bien, se poursuit dans des conditions difficiles, puis cumule pas mal de malheurs. Mais le héros a de la ressource, des réserves de tendresse et d’humour, même dans l’adversité. Ecrit dans un style décalé et poétique, constitué de courts chapitres comme autant de saynètes, contemporaines ou souvenirs d’une enfance heureuse, Tartes aux pommes et fin du monde est un joli roman prometteur, un peu générationnel et inquiet, et apparemment assez autobiographique. J.-C. P.

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