"Notre objectif est de sensibiliser les partis politiques de toutes tendances non seulement sur la valeur de notre dossier, mais surtout sur son urgence", souligne Pascal Chamaillard, P-DG d'Edipresse et président de l'Association des distributeurs exclusifs de langue française (Adelf). L'Adelf fait partie des sept grandes associations professionnelles québécoises (1) qui ont inauguré le 22 août une campagne "Nos livres à juste prix" (www.noslivresajusteprix.com) pour réclamer une réglementation du prix du livre. Dans un communiqué, elles souhaitent que la loi permette «de fixer pour une durée de neuf mois le prix sur les nouvelles parutions. Au cours de cette période, les détaillants seraient autorisés à offrir un rabais maximal de 10 % sur le prix de vente suggéré".
Relancée il y a deux ans (2), l'idée d'un prix réglementé du livre a bien progressé au Québec "jusqu'en décembre 2011", estime Pascal Chamaillard. La ministre de la Culture de la province, Christine Saint-Pierre, a exprimé son accord à l'étude d'une réglementation. Depuis, cependant, le dossier s'est enlisé, le gouvernement libéral souhaitant le traiter dans le cadre d'une révision de la fameuse "loi 51" sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, qui date de juin 1981. Un processus qui repousserait toute réglementation de "plusieurs années", s'inquiète le président de l'Adelf.
Du coup, les sept associations professionnelles profitent du débat électoral pour le scrutin provincial du 4 septembre pour élargir la mobilisation. Le Parti québécois, favori des sondages, a assuré qu'il examinerait la question ; le parti de gauche Québec solidaire a affirmé son accord ; la Coalition avenir Québec, centriste, a posé des questions à l'Assemblée nationale... Parallèlement, de nombreuses personnalités ont apporté leur soutien, tels l'actrice et animatrice de télé Mireille Deyglun ou le journaliste et présentateur Stéphane Bureau, aux côtés de nombreux écrivains dont Michel Tremblay, Marie Laberge, Yann Martel, Dany Laferrière, Jacques Godebout, Robert Lalonde ou encore Patrick Sénécal.
(1) Union nationale des écrivaines et des écrivains québécois (Uneeq), Association nationale des éditeurs de livres (Anel), Association des distributeurs exclusifs de langue française (Adelf), Association des libraires du Québec (ALQ), Fédération québécoise des coopératives en milieu scolaire (Coopsco), Réseau Biblio du Québec, Bibliothèques publiques du Québec (BPQ).
(2) Voir notamment "Le facteur prix", dans LH 844, du 3.12.2010, p. 20.