« Lundi 24 janvier 2011 - Je   » « Lundi 24 janvier 2011 - Dans un rêve singulier j'ai rencontré une énorme vache qui avait pour mission de déposer chaque jour une énorme bouse dans le champ de la vie. Comme je regrette le temps où la marche matinale dans la colline me débarrassait des grotesqueries de la nuit ! Raison de plus pour détester mon libre enfermement. » Internet et les blogs participent aujourd'hui de la liberté d'expression. Cette courte citation, avec ses hésitations et ses « grotesqueries » en est le symbole. Depuis quelques jours j'arpentais la blogosphère pour cet article. Dans la longue liste de mes « favoris » je suis allé voir celui d'un éditeur-écrivain, une sorte de blog intime que j'aimais bien avant de me mettre en pause en septembre 2009. Si le blog existe toujours, son auteur semblait s'être arrêté de poster le 24 janvier dernier. Rien en février, rien en mars, etc. En décembre 2010, il n'était question sur ce blog que de cauchemars, de rêves obsessionnels, de douleurs, de ciels gris, de pilules et d'hôpital. Mauvais signe. Hier j'ai appris la mort du fondateur d'Actes Sud. Merci à vous cher Hubert Nyssen et bon voyage dans l'univers des blogs que vous avez illuminé depuis votre retraite du Paradou, dès novembre 2004 avec un premier post sur le Goncourt de Laurent Gaudé et un second sur la mort d'Yves Berger. Et surtout veillez sur nous depuis là-haut !             Comme ils ont changé les blogs littéraires en quelques années ! C'est vous, lecteurs du site de Livres-Hebdo , qui l'avez souligné il y a peu, lors d'un sondage intitulé « Quel type de média vous influence pour vous donner envie de lire un livre? » . Près de la moitié d'entre vous (45,9% !) ont cité en tête « les sites ou blogs culturels sur internet », loin devant les « magazines spécialisés » (15,3%), la « radio » (13,2%), les « magazines généralistes » (5,8%), très loin des « cahiers livres des quotidiens nationaux » (4,6%), et très, très loin des « quotidiens nationaux et régionaux ». Alors, oublié le temps où certains se gaussaient de ces lecteurs naïfs, incultes, plus passionnés par leurs ordinateurs que par les livres ? Critiques littéraires (j'en fus) et éditeurs (j'y tends, merci à mes licencieurs...) n'aimaient ces Mr nobody qui piétinaient allègrement leurs platebandes. N'est-ce pas Passou ? Et oui, c'est ainsi que l'on appelle désormais Pierre Assouline, qui, après Lire , fut pourtant heureux de trouver un petit blog pour survivre médiatiquement. Mais laissons la palme d'or de la bêtise à l'inoubliable auteur de Ne dites pas à ma mère que je suis dans la pub, elle me croit pianiste dans un bordel (Flammarion, 1979), Jacques « Rolex » Seguela, pour son magistral : «  Internet est la plus grande saloperie qu'ai jamais inventé les hommes  ». Allez, oublions, corporatisme et stupidité, maintenant que les lecteurs de Livres-Hebdo reconnaissent un tel pouvoir prescripteur aux bloggeurs, ou plutôt aux « bloggeuses » car les bloggeurs, en matière littéraire, sont d'abord des femmes.             Au cours des dernières années chez ces acteurs importants de la diffusion culturelle on a noté quelques évolutions intéressantes. D'abord l'ouverture des compartiments étanches, la bloggeuse littéraire ose de plus en plus s'aventurer dans le champ du cinéma, les séries télé ( le Golb ), la musique (rock mais aussi classique),etc. On note, ici et là, un peu de féminisme ( Litterama ) et ce qu'il faut d'érotisme plus ou moins littéraire (les « lectures coquines et inavouables » de Stephie de Mille et une pages ont fait école sur le net). Pour en revenir à la littérature, on s'éloigne peu à peu de la lecture mainstream Beigbeder-Nothomb-BHL pour des sorties plus aventureuses. Après avoir fait attention à paraître sérieuses, ces dames se libèrent. Sous l'influence délétère de Fashion d' Happy Few , voici la défense et illustration des séries roses et autre harlequinades, les romances que l'on lit avec passion, en rigolant sous blog. D'autres s'essaient à la littérature britannique in english . Certaines s'enfoncent hardiment dans le classique (tout Balzac chez Cuné ). Avec la même passion qu'elles ont défendu Blondel, Jaenada, Rosnay et Foenkinos. Il est vrai que la chouchouitude (promue par Caroline de Cinquième de couverture ) a reculé devant la fréquentation par les fans des stars. Certains les avaient flatté jusqu'à une mauvaise rencontre dans un salon du livre où l'idole redevenait inaccessible. Rien ne ressemble plus à une lectrice ordinaire qu'une bloggeuse sortie de l'anonymat du net...             Reste une passion de la lecture qui éclate en fusées de toutes les couleurs. Un magnifique article d'Alice-Ange sur La Grande Beune , dans le Biblioblog en mai dernier et voici que les lectrices se ruent six mois après sur l'œuvre de Michon, des Vies minuscules à Onze . Vive la blogitude, foi de despérado !
17.10 2013

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