22 AOÛT - ROMAN Italie

Photo SOPHIE BASSOULS/LIANA LEVY

Un coup d'essai, fût-il un coup de maître, est parfois aussi un coup de chance. Dans le cas de Silvia Avallone, le doute n'est plus permis. Cette jeune femme (28 ans) est bien scandaleusement douée. Découverte par Liana Levi l'an dernier avec D'acier, roman âpre et beau, qui lui valut un large succès public et le prix des Lecteurs de L'Express, elle revient cette fois-ci avec un court récit, Le lynx, initialement paru dans les pages du Corriere della Sera. Et la magie de son style lapidaire, où violence et passion s'expriment avec le même laconisme, opère de nouveau.

C'est toujours la même chanson. Celle du type qui s'éprend d'une personne qui n'est pas son genre. Piero est celui-là. Un pauvre gars, la quarantaine, mal marié du côté de Turin, qui vivote de trafics de clopes, de cambriolages et de petits braquages. Il aime les belles bagnoles, les putes, les montres de luxe, et se souvenir de son père, d'autant plus mythifié que celui-ci l'a quitté, parti vivre sa vie mafieuse, alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Un soir, dans les toilettes d'un restoroute qu'il s'apprête à délester de sa recette quotidienne, il rencontre un ado plongé dans la lecture d'une BD ("deux yeux en fente mince, un peu divergents, d'un bleu indéfinissable proche de la glace. Une dizaine de piercings dans les oreilles, un au sourcil et un autre à la lèvre inférieure. Les traits irréguliers, comme si le visage avait été cassé en morceaux et recollé à la va-vite par le chirurgien de garde. A sa façon, unique sur toute la surface de la terre, il était d'une beauté foudroyante"). Le reste, vacances au ski, cadeaux, petites trahisons et grands chagrins, ne sera plus qu'une suite de causes et de conséquences...

Silvia Avallone mène son affaire romanesque, ce "Rocco sans ses frères", avec une belle autorité, une froideur magnifique qui n'exclut pas la compassion. Cette fille-là n'a pas fini de nous en faire lire...

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