Une voix, des visages. Chacun a la sienne. Ce pourrait être la Anne-Marie Stretter de Duras, la Fée des Lilas de Demy, la Jeanne Dielman d'Akerman, la Fabienne Tabard de Truffaut, la femme sans nom de L'année dernière à Marienbad de Resnais, tant d'autres encore. Delphine Seyrig, disparue le 15 octobre 1990, l'éternité la change sans cesse. Une voix bien sûr, une grâce inoubliable, une présence inégalée, à la scène comme à l'écran, tissée d'une sorte d'absence à soi infiniment troublante. Une femme parmi les siennes aussi, parfois Marlene, parfois ménagère, souvent les deux.
Ce sont tous ces visages, demeurés magnifiques à travers les années, que la journaliste et documentariste Virginie Apiou envisage, dévisage, dans un texte qui réussit la gageure de toucher juste, sans justement se donner jamais l'air d'y toucher. Une biographie ? Pas vraiment. Plutôt une promenade le long des sentiers toujours buissonniers de la comédienne (et réalisatrice, et figure féministe essentielle). Cette femme toujours ici et là à la fois, née à Beyrouth, compagne new-yorkaise de la scène Beat, un peu suisse, si française, ayant accompagné, parfois précédé, voire suscité, avec une égale élégance toutes les aventures de la modernité de temps qui n'avaient pas encore renoncé à l'être. Une égérie qui n'appartient aujourd'hui encore à personne. « C'est une femme libre, toujours sur la brèche, mais qui veut bien accorder un moment, pleinement. C'est la femme des apparitions », écrit Virginie Apiou. Elle a disparu, voilà qu'elle réapparaît. En beauté.
D'après Delphine Seyrig
Actes Sud, Institut Lumière
Tirage: 1 800 ex.
Prix: 16 € ; 128 p.
ISBN: 9782330180584