L'Affaire Matzneff
La déflagration. En novembre, le récit de Vanessa Springora, Le consentement, est envoyé à quelques journalistes. Elle y évoque un certain G., et un trauma d'adolescence longtemps enfoui, mais jamais caché: une relation toxique, perverse, sexuelle avec un écrivain célèbre et trois fois plus âgée qu'elle à l'époque. A deux jours de Noël, le "G" devient Gab ... iel, et le nom de Matzneff revient à la une de l'actualité. La une des grands quotidiens, puis des journaux en radio et télévision. Le phénomène dépasse le cadre littéraire, le secteur de l'édition et se transforme en une affaire "Weinstein" à la française, dans le milieu de l'édition, deux mois après les fracassantes révélations d'Adèle Haenel dans le milieu du cinéma. Rarement un livre aura fait couler autant d'encre et libérer aussi ouvertement la parole. En moins d'un mois, Gabriel Matzneff, prix Renaudot de l'essai en 2013, est devenu un paria infréquentable, moralement indéfendable, dont les "crimes et délits", pour citer un film de Woody Allen, ne peuvent plus être excusés.