Du côté de Portnoy : et autres essais
Gallimard
«Depuis la publication, en 1959, de Goodbye, Columbus, écrit Philip Roth, mon œuvre n'a pas cessé d'être attaquée du haut de certaines chaires et dans les colonnes de certains périodiques.» Comment s'étonner, dès lors, que l'auteur de Portnoy et son complexe, livre qui lui valut une célébrité «bien différente de l'idée qu'il s'en faisait», ait voulu s'expliquer, se justifier, se défendre, en particulier aux yeux d'une communauté juive qui le taxait, lui écrivain juif et qui se reconnaissait comme tel, d'«antisémitisme» ? On aurait tort, pourtant, de penser que ce recueil de treize essais (les interviews, le plus souvent retravaillées, en sont de véritables), qui s'échelonnent sur quelque quinze années, ne constitue qu'un immense plaidoyer pro damo. S'il est vrai que la première partie tourne exclusivement autour de l'œuvre de Philip Roth, dont il relate la genèse et découvre les intentions, livre après livre, la deuxième partie, en revanche, présente un romancier qui, après s'être fait lecteur de lui-même, ouvre les livres d'autres romanciers - Saul Bellow et Bernard Malamud en particulier - et nous les montre à travers les thèmes et les personnages de cette école juive qui tient une si grande place dans la littérature américaine d'aujourd'hui. Enfin, et comme par surprise, apparaît la figure exemplaire de Kafka sur qui l'auteur jette un regard très personnel. Mais savait-on qu'un autre Kafka, lui aussi né à Prague, lui aussi prénommé Franz, avait failli épouser tante Rhoda, quadragénaire «effrayée par les choses de la vie», la propre tante de Philip Roth ?