Sous le titre
« Sans auteurs, pas d'éditeur ! », 16 des principaux auteurs et ayants droit de Casterman, la filiale de bande dessinée de Flammarion dont le directeur général, Louis Delas, s'est résolu à démissionner la semaine dernière (lire
notre actualité du 8 novembre), interpellent Antoine Gallimard dans une lettre ouverte rendue publique dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 novembre.
« Devant le mépris dont les auteurs Casterman font l'objet de votre part, nous avons le triste sentiment d'avoir été instrumentalisés en vue d'un transfert purement capitalistique », écrivent au PDG de Gallimard, repreneur du groupe Flammarion en septembre, les auteurs parmi lesquels Enki Bilal, Philippe Geluck, Régis Loisel, Jacques de Loustal, Frank Margerin, Benoit Peeters, François Schuiten, Benoît Sokal et Jacques Tardi, ainsi que Fanny Rodwell, ayant droit d'Hergé, et Patricia Zanotti, ayant droit d'Hugo Pratt.
Les auteurs indiquent avoir accueilli
« avec intérêt » il y a quelques mois l'idée du rachat de Flammarion et de Casterman par Gallimard, avant de découvrir
« avec beaucoup d'inquiétude » le 6 juin dans
Les Echos « votre déclaration annonçant que, même si Casterman était "un joli joyau"
, Gallimard pourrait être contraint, "dans un contexte de crise"
, de le vendre ».« Pendant les semaines et les mois qui ont suivi, rien n'a été fait pour nous rassurer. Aucun contact n'a été pris avec nous, ni individuellement ni collectivement. Aucun projet éditorial ne nous a été présenté », déplorent-ils.
Rendant hommage à Louis Delas, qui
« était l'artisan du redressement et du développement de la maison Casterman » et auquel
« chacun de nous avait appris à (...) faire confiance, ainsi qu'aux équipes qu'il avait su réunir autour de lui », les auteurs assurent qu'ils n'ont
« ni l'envie de [se] compromettre dans un projet qui ne nous ressemble pas, ni l'intention de servir de "vaches à lait" à une quelconque trésorerie. »« Si par hasard vous avez oublié que sans auteurs, il n'y a pas d'éditeur, nous vous le rappelons aujourd'hui », écrivent-ils, avant de conclure que
« c'est sous d'autres cieux éditoriaux plus amicaux que certains d'entre nous publieront sans doute leurs prochains albums. à moins que...»