La récente déclaration d'amour de Michel Houellebecq à Donald Trump n'a pas surpris grand-monde. Les médias français et étrangers ont repris en chœur l'information, rappelant que l'auteur n'en était pas à une polémique près. Les réseaux sociaux ont bruissé de l'affaire, tandis que pro et anti-Houellebecq s'écharpaient sur les différents degrés de lecture des déclarations de l'enfant terrible des lettres françaises.

Ce scénario sous-tend, depuis vingt ans, presque chaque parution de ce maître de l'ambiguïté. Jusqu'alors, cependant, les polémiques prenaient racine dans ses romans, accusés d'être misogynes, racistes ou islamophobes, avant de se cristalliser autour des propos publics de l'auteur. Corrosifs, crus et sexuels, ses romans reposent sur l'absence totale de jugement de la part du narrateur, qui semble donc corroborer ceux de son personnage, tandis que la présence de nombreux « doubles » de Houellebecq - même nom, penchants ou formation - finit de brouiller les cartes.

Depuis la parution des Particules élémentaires en 1998, d'aucuns tentent de discerner la frontière qui sépare les points de vue de l'auteur et ceux du narrateur. Cette année-là, faute de réponse satisfaisante sur ses orientations politiques, les membres de la revue Perpendiculaire l'excluent tandis que Le Figaro littéraire fustige « Les nouveaux inquisiteurs de la littérature ». Trois ans après, dans une interview à Lire accordée pour la sortie de Plateforme, l'auteur explique que « la religion la plus con c'est quand même l'islam », pour laquelle il ressent de « la haine ». Ces propos lui vaudront un procès pour « injure raciale et incitation à la haine religieuse », à l'issue duquel il est relaxé en 2002 tandis que la parution de Soumission accentuera, presque quinze ans après, les accusations d'islamophobie. « Je ne sais pas si c'est une bonne chose de choquer... En tout cas, c'est une source d'emmerdements », déclarait-il avec perspicacité en 2001 dans un entretien... au magazine Lire. P. L.

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