Abdellah Taïa est un auteur marocain de langue française et vivant à Paris. Marocain, il le revendique plutôt : son premier récit Mon Maroc (Séguier, 2000, repris en « Points », Seuil) célébrait le royaume chérifien, celui de son enfance, âpre, quoique non sans tendresse ni sensualité. La famille pauvre et nombreuse au sein de laquelle il est né et a grandi, son homosexualité, son ambition quasi balzacienne... Ça aussi il l'a raconté (et même filmé, dans L'armée du salut). Dans Vivre dans ta lumière, Abdellah Taïa retrouve l'autre rive de la Méditerranée, Salé, sa ville natale tournée vers le grand large, que son cœur n'a cessé d'habiter.
Cette fois, pas en tant que narrateur d'une autofiction mais dans la peau d'une héroïne : sa propre mère. Malika perd sa mère jeune, son père reprend femme, la marâtre est mauvaise, le père décide de la marier à un jeune cousin Allal. Le Maroc est alors encore sous protectorat français. Allal part à la guerre en Indochine. Y meurt. Malika pleure Allal et quitte le bled pour Rabat, puis Salé. Elle a trouvé un second mari, Mohamed, avec qui elle aura neuf enfants, dont la belle Khadija que sa patronne française Monique voudrait ramener en France. Mais Malika refuse qu'on en fasse une « boniche » loin d'elle. En revanche, c'est Ahmed qui s'en va pour Paris, Ahmed son cadet qui aime les livres et qu'elle n'a pas su protéger des mâles affamés de sexe qui le violaient...
Taïa signe à travers les tribulations de Malika un hommage paradoxal à une femme puissante, à la fois d'une grande dureté et au grand cœur couturé de cicatrices, battant pour ses enfants avec une formidable pulsion de vie.
Vivre à ta lumière
Seuil
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 18 € ; 208 p.
ISBN: 9782021470574