Plus de 1 500 artistes et écrivains allemands ont lancé une pétition pour la défense du droit d'auteur. Sous l'intitulé « Wir sind die Urhebber » (Nous sommes les créateurs), elle est notamment signée par des écrivains de grande notoriété, dont Martin Walser, Elke Eidenreich, Daniel Kehlmann ou Charlotte Roche.
C'est un véritable cri d'alarme : « Avec inquiétude et incompréhension, nous dénonçons les attaques publiques contre le droit d'auteur. C'est une réalité historique, un droit du citoyen contre toute dépendance féodale, qui garantit la base matérielle de tout travail intellectuel ».
Cette action s'inscrit dans un vaste mouvement qui secoue actuellement le droit d'auteur en Allemagne. Certes, à l'heure d'internet, la question du respect du droit d'auteur est omniprésente, en Allemagne comme ailleurs. Mais elle a été exacerbée ici par les scores sans cesse montants du Piratenpartei (parti des pirates), lors des dernières élections législatives régionales.
Fondé en 2006, le mouvement a déjà remporté quinze sièges dans les instances régionales de Berlin en septembre 2011, puis quatre dans la Sarre, six dans le Schleswig-Holstein et enfin vingt lors des récentes élections en Rhénanie du Nord-Westaphalie. Ce parti venu de Suède bataille pour un arrêt pur et simple des monopoles, et un libre accès à la culture pour tous.
Son succès a été largement amplifié par l'action des hackers du mouvement des « Anonymous », qui, il y a quelques jours, franchissait une nouvelle étape dans l'escalade en communiquant sur internet, les adresses et numéros de téléphone des personnalités signataires de la pétition. Au Börsenverein, organisation interprofessionnelle, la position est claire, Gottfried Honneferlder, le président, l'exprimait dans le quotidien Frankfurter allgemeine Zeitung : « Il est essentiel que les politiques prennent en compte l'appel des créateurs », parlant au nom des éditeurs et des libraires. L'affaire prend une telle ampleur outre-Rhin que certains esprits restés calmes, même parmi les créateurs, appellent à une discussion « autour de la table. »