Même titre, même couverture, mais pas le même prix ni le même auteur : ces dernières semaines, plusieurs ouvrages « independently published » sur Amazon ne sont qu’une arnaque pour le consommateur et l’éditeur.
« Il y a d'abord eu le vendeur “ass press”, puis “mala press”, puis “rachid zkti”, puis “Lucie bonnin” », décompte François de Saint-Exupéry. L’éditeur ne décolère pas : depuis la sortie de Stick Action Spéciale d’Alexandre Alex et Franck Mirmont (Nimrod) fin octobre, le titre a été piraté quatre fois sur la plateforme. « Ils ont la couverture de l'original, mais n'ont rien à voir », peste-t-il. Il a commandé l’ouvrage proposé en « independently published », le service d’autoédition du géant américain, à près de 14 € de moins et s’est retrouvé face à un bloc-notes. « Tout cela ne fait pas très sérieux », se lasse l’éditeur, qui a écoulé près du tiers des 4 000 exemplaires déjà vendus sur internet, selon les estimations GFK.
Depuis plusieurs semaines, les témoignages d’auteurs et éditeurs affluent sur les réseaux sociaux, dénonçant cette arnaque qui brouille la visibilité de leurs ouvrages. JC Lattès, Albin Michel, Larousse, Bouquins… Dès qu'il est repéré, le livre-pirate est signalé à Amazon, « qui le retire dans la foulée », admet François de Saint-Exupéry. Mais l’éditeur se désole de devoir faire un travail de veille quotidien sur la plateforme et reconnaît qu’il n’a « pas vu le même genre de choses sur Fnac.com ou autres, car ces sites ne proposent pas la fonction “independently published” ».
4 milliards d’annonces suspectes bloquées en 2021
Contacté, Amazon déclare pratiquer « une tolérance zéro pour la contrefaçon sur ses boutiques et investit un temps et des ressources significatives pour protéger les clients et les auteurs. Nous nous appuyons à la fois sur des technologies d’analyse automatique ainsi que sur des analyses manuelles pour détecter les acteurs malintentionnés et nous assurer du respect de nos conditions générales ».
Selon la firme, en 2021, pas moins de 900 millions de dollars ont été investis contre la piraterie en ligne à travers le monde, qui a notamment permis de « bloquer plus de 4 milliards d’annonces suspectes avant leur mise en ligne ». De son côté, CyberMalveillance, le service anti-fraude du gouvernement, qui « observe et qualifie les menaces », stipule ne pas avoir de données sur ce sujet, mais propose un rappel « des bonnes pratiques générales pour éviter d'acheter ou signaler une contrefaçon… ». Des conseils également prodigués par Amazon...