Amazon, l'“ami-ennemi” des éditeurs américains

Paul Morris de Bomb Magazine © DR

Amazon, l'“ami-ennemi” des éditeurs américains

Sept éditeurs américains, invités par la French-American Foundation, ont participé le 28 octobre au CNL à une table ronde sur le numérique.

Par Claude Combet
avec cc Créé le 15.04.2015 à 21h00

“Pour l'instant, on lit un texte intégral, qui a été numérisé et téléchargé sur un lecteur en noir et blanc. Les technologies d'aujourd'hui vont être rapidement dépassées et nous paraîtrons ridicules d'ici quelques années”. Avec cette boutade, Maja Thomas, vice-présidente d'Hachette Digital, montre combien l'édition américaine a intégré le numérique avec enthousiasme et sérénité.

Pour tous les participants à la table ronde du CNL le 28 octobre sur “L'édition américaine à l'heure de la numérisation”, le numérique est porteur de tous les espoirs.

Lieu de la création de nouvelles formes artistiques, pour Julia Cheiffetz, responsable d'HarperStudio (groupe HarperCollins), il permet aussi de démarrer à moindre coût une publication en ligne (moins chère que le papier), de réunir une communauté d'artistes et d'écrivains pour Todd Zuniga, fondateur d'Opium Magazine, et de promouvoir le livre grâce à Facebook, Twitter et tous les réseaux sociaux.

“Nous avons gagné en visibilité. Nous enregistrons 30% d'abonnements supplémentaires et une augmentation de 9% de la publicité depuis que nous avons numérisé et mis en ligne gratuitement les entretiens de la revue”, a souligné Paul Morris, directeur général de Bomb Magazine.

Conscient cependant qu'Amazon a bouleversé la chaîne du livre, les éditeurs américains “n'avaient pas anticipé la politique des rabais et ne pensaient pas que la librairie en ligne allait vendre à perte”, a avoué Maja Thomas, ajoutant que “changer le prix des livres, négocier les remises, et différer la publication de la version numérique” sont leurs seuls moyens de pression.

Amazon apparaît cependant comme un “ami-ennemi”, qui permet quand même “aux bons lecteurs - qui ne sont pas plus de 5 000 aux Etats-Unis - d'avoir accès aux publications des maisons indépendantes au fin fond de l'Idaho”, a souligné Chad Post, fondateur d'Open Letter (Université de Rochester).
15.04 2015

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