édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

« Le seul endroit aussi apaisant qu’une librairie accueillante est sans doute la cuisine de votre grand-mère », écrit la romancière Isabel Allende, qui participe avec 29 autres écrivains américains à un ouvrage collectif d’hommages très personnels à la librairie indépendante. Les Arènes en publieront la traduction à la fin de mai, juste avant les 2es Rencontres de la librairie organisées par le SLF. Espérant ramener vers ces magasins les lecteurs qui répondent aux sirènes d’Amazon, cet ouvrage, qui connaît un bon succès outre-Atlantique, contribue de façon originale à refonder la librairie.

Dans le même temps, en Grande-Bretagne, la mobilisation contre Amazon ne faiblit pas. Les chaînes font front commun avec les librairies indépendantes et proposent à leurs clients, avec certains livres, un « bonus » introuvable chez le marchand en ligne, sous la forme d’un chapitre inédit ou de documents originaux.

Pendant ce temps en Allemagne, le journaliste et auteur à succès Günter Wallraff refuse que ses livres soient vendus par Amazon et appelle les écrivains au boycott.

En France, on n’en est pas encore là. Mais les libraires indépendants semblent avoir été entendus des principaux distributeurs. En effet, après Union Distribution et Hachette, ce sont Interforum et la Sodis qui se lancent dans la distribution exprès, livrant en 48 ou 72 heures les commandes clients, sans surcoût. Un dispositif réclamé depuis longtemps par les libraires qui leur permet, enfin, de lutter à armes égales avec le mastodonte américain.

Apprécieront-ils en revanche de se transformer en maison de la presse ? Sylvain Bourmeau, directeur adjoint de la rédaction de Libération responsable de la culture, verrait bien son journal vendu dans les librairies. « Les lecteurs de Libé sont des lecteurs de livres, sa vente se justifierait en librairie », assure-t-il dans nos colonnes. C’est vrai que les libraires indépendants font rarement grève… c’est un avantage par rapport aux kiosquiers. Et pour l’instant, le livre se porte un peu mieux que la presse.

Malgré ses faibles marges et son activité en dents de scie, la librairie, regonflée par la fronde contre Amazon, ferait-elle figure de refuge pour temps de crise ?

11.10 2013

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