D’après les exposants à Livre Paris 2016, on a eu le meilleur et le pire du 17 au 20 mars porte de Versailles. Le pire : une matinée professionnelle le jeudi presque sans libraires ; une nocturne privée de sens et de visiteurs, jusqu’à irriter plusieurs auteurs majeurs ; une fréquentation à nouveau en baisse. Le meilleur : l’"éditorialisation" de la programmation, les progrès dans sa signalisation et sa mise en scène, les efforts d’aménagement et de chauffage, et des visiteurs qui se montraient généralement heureux.
Une initiative ressort particulièrement de la manifestation que le Syndicat national de l’édition et Reed Expositions souhaitent "réenchanter". Proposées par la libraire parisienne Marie-Rose Guarniéri, les "flâneries littéraires" s’annonçaient pourtant comme un projet anecdotique et marginal. Mais le succès de ces visites guidées thématiques, à travers lesquelles des personnalités du monde du livre pouvaient donner à voir aux visiteurs, par petits groupes, certaines des coulisses de l’édition, a mis le doigt sur ce qui avait fini par manquer à la manifestation : le désir de raconter à son public des histoires, et même plus fondamentalement une histoire.
Mais laquelle ? Lors de sa fondation il y a trente-cinq ans, le Salon du livre de Paris manifestait, sous la fameuse verrière du Grand Palais, l’influence intellectuelle et culturelle d’un secteur en pleine effervescence. Son déménagement et sa refondation, dix ans plus tard porte de Versailles, lui a permis de faire ressortir la puissance et l’extrême diversité de la première industrie culturelle française. Si Livre Paris doit se réinventer aujourd’hui, c’est parce que l’édition, profondément transformée depuis quinze ans, n’est plus aussi bien identifiée par le public dans la nébuleuse du numérique et des nouveaux médias. Elle a plus que jamais besoin de souligner le rôle du livre dans le mouvement de la création littéraire, des idées, de la formation, des loisirs et de l’innovation, de mettre en scène sa capacité à enchanter et enrichir le monde.