Présidé par Lorant Deutsch, acteur devenu auteur de best-sellers en histoire chez Michel Lafon à la faveur de sa notoriété et de sa passion pour Paris, un jury de cinq auteurs eux-mêmes autoédités sur Amazon a désigné Amélie Antoine, 31 ans, lauréate de ce premier prix pour Fidèle au poste, roman qui raconte l'histoire d'un homme confronté au décès de sa femme (2,99 euros, 45e dans les meilleures ventes numériques sur Amazon en début de semaine). Elle reçoit un chèque de 5000 euros, et Amazon lui promet une campagne de marketing sur Internet d'une valeur de 15000 euros.
Pour créer un peu d'animation et manifester les dilemmes qui l'ont agité, le jury a pris l'initiative de décerner un prix spécial à Solène Bakowski, enseignante et auteure d'Un sac, thriller dont l'héroïne est une tueuse en série (2,99 euros, 702e). L'auteure reçoit 2000 euros, et une campagne marketing estimée à 10000 euros.
Le jury devait trancher entre dix romans, sélectionnés par Amazon en fonction de leurs ventes mais aussi d'après les commentaires des lecteurs, afin de faire découvrir des titres dont la qualité n'avait pas forcément été révélée par le nombre des achats, explique Eric Bergaglia, responsable de Kindle direct publishing (KDP) pour la France.
Rentrée Kindle des auteurs indés
Amazon a organisé aussi la "Rentrée Kindle des auteurs indés", un concours invitant les lecteurs à désigner le meilleur des livres autoédités sur KDP, parmi les titres mis en ligne via le système de publication du site entre le 1er juillet et le 27 septembre. Isabelle Rozenn-Mari a recueilli les suffrages de 400 participants pour Souviens toi Rose, son quatrième roman publié sur KDP et attendu de ses lectrices (2,99 euros, 2e). Elle reçoit 3000 euros, une campagne marketing de 10000 euros et un Kindle voyage, comme les deux autres lauréates. Son roman pourra aussi être traduit et publié à l'étranger par Amazon publishing, la branche édition du groupe.
Tous les nominés et lauréats ont chaleureusement remercié Amazon qui leur donne un accès à un public qu'ils n'espéraient pas atteindre par les voies habituelles de l'édition, et souhaité que ce prix contribue à donner de la crédibilité à l'autoédition. C'est bien l'objectif, de donner progressivement une légitimité à des publications non validées au départ par des éditeurs professionnels. Pour le moment, les critiques littéraires s'en tiennent à distance, mais le phénomène intéresse les journalistes des services société. Florence Aubenas, du Monde est ainsi "passé voir".
Caution a posteriori
Les éditeurs apportent une caution a posteriori, en reprenant les titres qui ont rencontré du succès. Le Grand livre du mois et Michel Lafon ont ainsi publié Mémé dans les orties d'Aurélie Valognes, une des membres du jury, qui indique être restée près de 9 mois en tête du tableau KDP et avoir vendu environ 30000 exemplaires de ce roman léger, racontant les tribulations d'une grand-mère, de sa petite fille et d'un vieux voisin grincheux. "Mon deuxième roman est terminé, j'étudie les propositions de différents éditeurs" explique cette responsable du marketing dans un groupe d'agroalimentaire.
Michel Lafon a repris d'autres auteurs KDP, dont Alice Quinn, qui avait vendu environ 20000 exemplaires d'Un Palace en enfer, resté un an en tête des ventes de KDP en 2013. La première était Agnès Martin-Lugand, en 2013, dont le roman intitulé Les gens heureux lisent et boivent du café a totalisé plus de 300000 exemplaires entre le grand format et le poche, selon GfK.