Les jours qui viennent devraient se révéler mouvementés à tous les étages du Grand Palais, où se déroule pour la première fois depuis 1993 le Festival du livre de Paris (11-13 avril). À l’entrée sont attendus plus de 100 000 visiteurs, 48 000 ayant déjà réservé leur entrée à la veille de l’inauguration, selon le président du Syndicat national de l’édition (SNE), Vincent Montagne.
Le président de la République Emmanuel Macron et plusieurs ministres devraient se succéder jusqu’à dimanche. Dès la soirée inaugurale, jeudi, la ministre de la Culture Rachida Dati prononcera un discours, avant une déambulation le vendredi matin. Son entourage promet « des annonces sur le livre et la lecture », sans précision. Au lendemain d’une nouvelle étude du Centre national du livre observant le recul de la lecture chez les Français, « elles sont les bienvenues », souffle un éditeur.
Des réunions intenses ces derniers jours
Cependant, au centre des inquiétudes des représentants d’auteurs, éditeurs et libraires se trouve actuellement l’industrialisation du marché de l’occasion, dont l’expansion crée une distorsion du marché du livre. Depuis la précédente édition du festival, sise au Grand palais éphémère du Champs de Mars et durant laquelle Emmanuel Macron avait émis l’idée d’une taxe, les négociations se poursuivent entre le ministère et l’interprofession. Elles se sont intensifiées ces derniers jours. Mais selon nos informations, elles sont encore loin d’aboutir. « Il nous reste encore deux jours », espère auprès de Livres Hebdo un membre du bureau du SNE. « Les discussions sont très techniques », explique un autre.
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L’an dernier, lors de l’inauguration du festival, Emmanuel Macron s’était exprimé sur l’impact croissant du marché du livre d’occasion, en particulier via certaines plateformes de vente, évoquant un contournement du prix unique du livre. Cette année, le président ne devrait pas déambuler dans les allées du Grand Palais. Il se rendra sur le stand du Maroc avant d’échanger avec les représentants des professions du livre.
La filière dans l’attente d’annonces
La Société des Gens de Lettres (SGDL), dans un communiqué en date du 10 avril, rappelle que le président « avait alors annoncé la préparation de mesures, en lien avec le ministère de la Culture, afin de protéger l’économie du livre et d’envisager une contribution spécifique sur la revente d’ouvrages ».
Depuis cette déclaration, la SGDL a soumis au ministère de la Culture et à plusieurs parlementaires des propositions visant à encadrer le marché de l’occasion. L’objectif : instaurer un mécanisme de rémunération des auteurs sur la revente de leurs ouvrages, dans un cadre juridique respectueux du droit d’auteur.
À l’automne 2024, plusieurs amendements ont été déposés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, intégrant cette problématique. Ces initiatives témoignent d’un consensus croissant parmi les acteurs de la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, libraires) sur la nécessité d’une régulation adaptée. La filière attend donc désormais des annonces concrètes à l’occasion du festival du livre de Paris. La fête populaire autour du livre sera donc aussi l’enjeu de tensions, au moins sur le livre de l’occasion.