« Trente ans, c’est épatant », assurait, dans les années 1980, un ouvrage à succès imaginé par trois collaboratrices de Libération. « Trente ans, c’est l’enfer », pourrait dire Alice, l’héroïne du nouveau roman de Nathalie Rheims, Maladie d’amour. Comédienne débutante qui essuie les rebuffades, et commence à comprendre qu’elle ne sera jamais Sarah Bernhardt, Alice enchaîne, dans sa vie privée, les échecs amoureux. Il faut dire qu’elle a le chic pour s’éprendre d’hommes mariés, lesquels, bien sûr, ne sont pas prêts à renoncer au confort conjugal pour leur maîtresse. Alors qu’elle vient juste de se décider à rompre avec Antonin, qui l’a menée en bateau trop longtemps, elle remet ça avec Daniel, un chirurgien esthétique très lancé sur la place de Paris.
Mais Alice a une amie, Camille, qui s’inquiète pour elle. Autant Alice vit sur le fil du rasoir, autant Camille avance entre des rails. Mariée à Bertrand, un notaire débordé mais fidèle, mère de deux enfants sans histoire, Camille mène une existence parfaitement prévisible. Elle ne goûte l’aventure que par procuration : les péripéties d’Alice la passionnent, au point que, cette fois, elle va s’y investir un peu trop.
Il ne serait pas judicieux de raconter la suite. Sous des dehors de romance à l’eau de rose, Nathalie Rheims a en effet tricoté un suspense dont le lecteur découvre progressivement les ressorts. Disons, sans dévoiler l’intrigue, que l’auteure a voulu prendre au pied de la lettre la notion d’amour fou. Personne ne sort indemne de cette histoire, dont les dommages collatéraux éclaboussent tout le monde. Mais, outre que cette « maladie d’amour » n’a pas de remède connu, elle pourrait bien se communiquer aux lectrices comme une fièvre virale. Avec ce roman dépouillé, tendu comme un arc, Nathalie Rheims devrait connaître un vrai succès de librairie.
Daniel Garcia